La Corde à danser
de Nathalie Loignon

critiqué par Libris québécis, le 29 septembre 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Eli, Eli, lema sabaqthani
Françoise Dolto affirme que les enfants interprètent leur vécu selon des grilles oniriques, qui les laissent perplexes devant la vie. C'est le cas de l'héroïne de La Corde à danser. Le titre est significatif de l'âme enfantine. Le ludisme répond à une symbolique aussi forte que la tête de mort sur les contenants de produits toxiques.

La fillette de ce roman livre des pans de sa vie d'enfant du divorce. Une vie qu'elle tente d'arrimer à une certaine cohérence alors qu'elle se sent abandonnée comme le Christ sur la croix qui disait à son père : " Eli, Eli, lema sabaqthani. " Objectif difficile quand on doit partager la solitude d'une mère dépressive. Par contre, elle peut compter sur une grand'mère, mais affligée elle aussi par l'infirmité de son mari. Grâce à elle et à des photos, l'héroïne se découvre une filiation marquée par la ruralité et par l'abandon qui caractérise la vie au féminin. Pendant qu'elle affronte un monde qui en fait une « reject » à cause de la « folie » de sa mère, le père vit un nouvel amour en Europe. Pour combler son absence, elle cultive certains flashes heureux de sa courte existence.

L'héroïne semble née pour accumuler les épreuves. Bref, avec une écriture d'un modernisme un peu déroutant, Nathalie Loignon trace l'itinéraire d'une fillette victime de parents qui lui ont volé son enfance.