L'indiscrète
de Isabelle Garna

critiqué par Miller, le 8 novembre 2003
(STREPY - 68 ans)


La note:  étoiles
La femme d’à côté
La femme d'à côté, un film de Truffaut, cela pour être une des facettes de ce premier roman sur fond d'Italo-belgitude et d’ardoise familiale à régler.
Regard porté déporté, par Maria le personnage principal du livre. L’auteur écrit : « Maria aurait aimé faire l'amour comme du Piazzolla »,
voilà une des clés de ce livre, à travers les nombreuses piques, ce style, cette chaleurosité
rythmée, cette soif de chaud.
Chaleur de la main entre les cuisses, les arbres chuchotent comme des mots.
Regard porté déporté griffu sur les frères aînés machos, leur petitesse gonflette.
Et à propos de la mère de
Maria : « Mdme Guardini, gonflée de l’orgueil le plus mal placé qui soit,
celui de l’ignorance. « Quand Maria était loin de sa famille, elle faisait en sorte de ne plus être une Guardini. Mais comment imiter la fille riche quand on est née pauvre ? En se glissant dans une autre peau. En plagiant Rachel.
Maria avait décidé d’apprendre toute seule ce qu’on ne lui avait jamais enseigné ».
Regard porté déporté, demi-tendre ou demi-dur, c’est selon, jamais méchant.
Les copines. Rachel, qui a de la classe. De la légèreté. Qui perfectionne son revers au tennis et dans la vie. Sabine son attente de prince charmant et la villa « prolote », le monde matérialiste, l'opulence
de mauvais goût.
Voilà de la graine d'écrivain. Tout est là.
Voyons un extrait du quatrième de couverture :
L'avantage des buffets froids, c'est qu'on peut manger en petits groupes, où l'on veut et pas tous en même temps. L'homme-à-moitié-chauve ne semble pas partager ce point de vue. Il mange seul, debout, à l'extrémité du balcon. Il a déposé son verre sur un bord de fenêtre et se retourne de temps en temps pour boire. Maria le voit de profil. Il semble préoccupé par quelque chose devant lui. De son petit appartement sous les toits, Maria observe la soirée de sa voisine Clotilde. Les invités se succèdent au balcon, entre deux danses, entre deux verres. Maria écoute leurs conversations, s'invente leurs histoires et replonge dans sa propre vie, mélangeant allègrement ce qu'elle voit, ce qu'elle croit voir, ce dont elle se souvient et ce qu'elle imagine.
Le personnage de Maria est attachant à plus d’un titre, car pour aimer l'autre il faut s'aimer soi-même et pour s’aimer soi-même il faut être aimé. Maria et ses gros mots, son blush, son mascara. Maria et le chat ciboulette. Maria et son Wonderbra en avant. Touchante, pour ça aussi. Maria, ses fantasmes de nudité dans un supermarché bondé ou au contraire qui veut tirer les tentures qu’elle n'a pas. Et aussi la Maria qui s’appuie sur le bord de la fenêtre et qui écoute Belle-île en Mer. L'auteur : « Les plus beaux moments de la vie de Maria…. C’était quand rien n'avait encore été vécu et que tout était encore à espérer ».
Quant à Clotilde, la voisine, désolé, faudra lire ce livre jusqu'à son épilogue, je ne cafterai pas.