Georges Perec : une vie dans les mots
de David Bellos

critiqué par Béatrice, le 8 novembre 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Barthlebooth, puzzle, scrabble
En me plongeant dans cette biographie, j’ai appris plein de choses sur la démarche créative de Perec, sur sa capacité à s'orienter tous azimuts, sur ses thèmes et structures récurrentes, sur
son choix
de créer l'émotion à travers la description et la narration, tout en refusant
l'analyse psychologique, sur son goût du collage et de la mystification littéraire…
J'ai trouvé des clés pour mieux comprendre cet écrivain. Par exemple sur
l'exploration de son passé. Pour Perec, dés ses débuts, «et malgré tous les jeux de masques, trompe l'oeil et autres échappatoires, écriture et autobiographie ne firent plus qu’un (.) ; l'autobiographie implique une transformation de la mémoire en mots.»
... J'ai appris la filiation du nom du personnage Bartlebooth, l’homme qui fait des puzzles dans «La Vie mode d'emploi». Ca vient de Barnabooth et Bartleby. Barnabooth est un héros de roman de Valery Larbaud ;
Bartleby est un personnage imaginé par Hermann Melville.
Etonnants, les projets d'écriture de Perec : un roman sur le voyage du peintre Paul Klee en Tunisie ; une transcription dans le monde contemporain des « Notes de chevet » de Sei Shônagon ;
un roman de science-fiction « où les lettres (de l'alphabet) remplaceraient le travail et l’argent : la vie serait une interminable partie de scrabble ». Il s'agit d’un programme de travail en 19 points que l'auteur a remis à son éditeur & c’était 1976, six ans avant sa mort.
Une remarque : l'auteur de cette biographie, David Bellos, n'est pas francophone, il est anglais, il est le traducteur anglais de Perec. Brillante étude, un grand bonheur de lecture.