Le dernier rêve de la colombe diamant
de Adrian Hyland

critiqué par DE GOUGE, le 10 septembre 2014
(Nantes - 67 ans)


La note:  étoiles
Un livre qui dérange !
Australie : une demi-aborigène revient au pays après des années d’errance dans le monde entier. Elle a vécu et vit encore la douleur de ne pas être, ou de ne pas s'être trouvée.
Sans métier, sans réel moyen d'assurer sa subsistance, elle recherche ses racines : son amie d'enfance et de jeunesse et sa communauté de "moitié d'origine" qui ont baigné sa construction identitaire.
La dite société -où son souvenir existe encore comme celui d'une "petite fille et adolescente insoumises" - vient à peine de se reconstruire par, enfin, la reconnaissance des droits des Aborigènes ! Mais, elle vole en éclats du fait du meurtre de celui qui, grâce à son charisme, maintenait un droit à l’existence et surtout à la cohésion des siens.
Polar ? oui et non !
Plutôt, une recherche douloureuse d'hier et d'aujourd'hui : on y croise les villes alcooliquement (stratégiquement) mortifères pour les aborigènes, les grands espaces du Bush et les droits à occupation qui s'y rattachent : qui y est légitime ou non ?
Une drôle d’héroïne qui oscille entre volonté d'affronter et sentiment d'être un révélateur inquiétant.
Un petit bout de femme qu'on ne peut qu'aimer : râleuse, non conventionnelle, gueularde, intolérante, perméable à la douleur, volontaire, pleine d'amour et de culpabilité, débarrassée, grâce à ses voyages, d’idées préconçues...
Une plongée dans un monde qui pour nous, relève de l'onirique tout en étant d'une stupéfiante violence.
l'auteur, un homme pourtant, a une superbe connaissance du monde aborigène et une inquiétante (? !) capacité à appréhender une approche féminine de ce monde cruellement découpé, et de la femme, en général.
Un ouvrage original et détonnant qu'on savoure, tout simplement !