De l'intérieur, voyage au pays de la désillusion
de Cécile Duflot

critiqué par Veneziano, le 7 septembre 2014
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Un moment cru de sincérité
Cécile Duflot décide légitimement d'expliquer son désaccord de fond avec le Président de la République et le Premier ministre, François Hollande et Manuel Valls. Cela vient justifier le départ de son parti, Europe écologie - les Verts (EELV), du gouvernement. Qu'il en résulte la description de divergences de vue, il n'y a rien que quelque chose de bien naturel, et il n'est pas question que je lui en jette la pierre.
Le motif principal de cette dissension réside dans l'abandon des promesses électorales du candidat Hollande devenu Président. Aussi ajoute-t-elle qu'elle se trouve plus proche de Martine Aubry, chez les socialistes. Aussi dénonce-t-elle les propos sexistes, d'une relative facilité intellectuelle, relevant de la paresse, notamment sur ses tenues vestimentaires, et à juste titre. Il est su, sur ce site, que ce n'est pas moi qui la condamnerais sur ce point.

Je suis pas de l'obédience politique de Mme Duflot, et ne partage pas le versant du plafonnement des loyers de la loi Accès au logement et urbanisme rénové, dite ALUR, qu'elle a portée et soutenue, et qu'elle justifie ici, ce qui est passablement naturel. J'en apprécie davantage le transfert aux intercommunalités des Plans locaux d'urbanisme, la réforme du droit de copropriété et des professions immobilières.

Je ne suis donc pas sectaire, et espère vraiment ne pas l'être.
Par conséquent, le fond ne me gêne pas tant. Il faut, certes, reconnaître, qu'elle n'y va pas de main morte, notamment dans ses descriptions de la manière de M. Hollande de louvoyer, de temporiser, de calmer les esprits, pour ensuite décider plus isolément, dans le calme, et presque seul, en prenant des postures acrobatiques avec ses engagements.
Je serais un peu plus gêné de la forme, de ce mode de rédaction qui ressemble fort à une retranscription d'expression orale, avec des phrases sans verbe, parfois des interjections. Ce n'est clairement pas un grand moment de littérature. Certes, ce n'est pas l'objectif de cet ouvrage, comme chez tous les politiques. Morin n'est pas une très grande plume, mais son style est déjà plus soigné. Aussi a-t-il été enseignant.
Mme Duflot se montre assez crue, très directe, assez souvent brutale, mais le fond reste assez justifié, à mon sens, comme j'ai pu le spécifier, un peu plus haut. Aussi est-il délicat de modifier un tempérament, d'autant moins quand il est sincère.

Cet ouvrage reste donc instructif, et donc porteur d'intérêt. Après, il reste à chacun de s'en faire sa propre idée.
Voyage au centre du pouvoir 7 étoiles

J'ai apprécié ce livre. Cécile Duflot nous met vraiment dans les coulisses du pouvoir : on en déguste les petitesses, les turpitudes et les ridicules.
Et c'est une personnalité de gauche comme il n'en existe pas d'autres dans le gouvernement français actuel...
Plutôt que de gloser vainement en alignant des phrases, je me permets de vous recopier un passage vers la fin du livre. Le voici :
« (...) j'ai eu la démonstration que nous sommes au bout du système présidentiel, qui permet à un homme de diriger seul pendant cinq ans, sans tenir compte de l'avis de son peuple.
Aujourd'hui, la crispation est extrême, la personnalisation suscite de l'agacement. Il faut passer à la VIe République et redonner du poids au Parlement. Je pense qu'on ne reviendra jamais sur l'élection au suffrage universel du chef de l'Etat. Mais on doit en finir avec ce Parlement qui doit se soumettre ou se démettre, obéir aux décisions du président, lequel n'a de compte à rendre à personne en revanche. Ce système ne fonctionne plus, il crée de la frustration et des tensions.
A nous, parlementaires socialistes, écologistes, radicaux et communistes, de réorienter le quinquennat ».
Mon commentaire à cela : mais pourquoi ce pays qui a coupé la tête à un roi a-t-il choisi de revenir à la monarchie ? Monarchie élective certes, mais monarchie quand même. Et puis, n'oublions pas que le recours à des élections n'est en rien un gage de démocratie, tout au plus de « démocratie parlementaire bourgeoise »...
Mais ça, ce n'est pas Cécile Duflot qui le dit.

Bolcho - Bruxelles - 76 ans - 1 juin 2015


Sincérité teintée d'angélisme 6 étoiles

Lorsqu'elle fut nommée ministre, Cécile Duflot pensait pouvoir agir en conformité avec ses idéaux. Elle se définit elle même comme écologiste, de gauche mais non socialiste.
Elle a dû très vite déchanter. François Hollande a délibérément renié ses promesses électorales, et l'écologie ne l'intéresse pas. Sa politique n'a été qu'une succession d'échecs, ce dont il n'a à priori que faire.
Trahie de toutes parts (et pas uniquement par le président), Cécile Duflot savait que si Manuel Valls était nommé Premier ministre, elle n'avait plus sa place au gouvernement.
Son livre résume son expérience, ses espoirs, ses déceptions. Le style est plutôt maladroit, ce que l'on excusera volontiers, il n'est pas l’œuvre d'un écrivain.
Mais ce qui m'a le plus gêné, c'est de constater que Cécile Duflot ne se remet pas en cause. Elle avait raison et les autres avaient tort... A maintes reprises, elle nous dit qu'elle « assume ses choix », lesquels ont tout de même été largement critiqués, avec semble-t-il de sérieux motifs. Elle nous répète qu'il aurait fallu faire ceci ou cela. Avec quels moyens ? Là, on ne trouve pas de réponse. Or on ne gouverne pas uniquement avec de belles intentions et une bonne part d'angélisme.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 16 octobre 2014