L'amour et les forêts
de Éric Reinhardt

critiqué par Hervé28, le 1 septembre 2014
(Chartres - 55 ans)


La note:  étoiles
Une Emma Bovary moderne
Pour cette rentrée littéraire 2014, il n'est pas peu dire que nombre d'écrivains se mettent en scène dans leur livre. Emmanuel Carrère, dans le très attendu "le Royaume", jusqu'à Amélie Nothomb dans "Pétronille", en passant par Eric Reinhardt avec "l'Amour et les forêts" (très beau titre au demeurant), auteur que je découvre avec ce roman.

Émouvant, sensuel, puissant et surprenant sont les principaux adjectifs qui me viennent à l'esprit à la lecture de cet ouvrage. Au début, j'ai pensé suivre les aventures d'une Emma Bovary moderne, à travers le personnage de Bénédicte Ombredanne, enfermée dans une vie morne et soumise à un mari jaloux qui frise parfois (doux euphémisme) le harcèlement.
Puis, en avançant dans le roman, on découvre plusieurs facettes de Bénédicte, en changeant de narrateur.

Les situations vont crescendo jusqu'à cette "pause" dans le livre, où une nouvelle de Villiers de L'isle- Adam est retranscrite, Villiers de L'isle-Adam, auteur préféré de Bénédicte, agrégée de lettres et d'Eric Reinhardt, autre personnage de cette aventure.

Mais ce n'est pas seulement un magnifique portrait de femme qui est dressé ici (un des plus beaux que j'ai jamais lu depuis très longtemps) mais aussi une réflexion sur l'écriture, sur le pouvoir de la littérature et la création littéraire.

Un roman puissant et fort bien écrit.
Et une lecture dont on ne sort pas indemne.

Un véritable coup de cœur !
Indispensable!
Si touchante Bénédicte 8 étoiles

Je rejoins plusieurs autres critiques dont notamment celle de Killing79 qui résume le mieux pourquoi la lecture de ce livre a été un bonheur.
Oui, ce roman est traversé par un souffle de poésie. Certaines pages sont empreintes d'une très grande beauté d'observation et d'écriture.

Certes, quelques personnages, tel le mari de Bénédicte, sont des archétypes. Donc, oui, cela peut paraître manichéen. Ne nous y attardons pas. Ni l’auteur ni le lecteur ne sont dupes.

La construction du livre lui confère beaucoup de saveur et de force. Le personnage de Bénédicte y trouve beaucoup d’épaisseur psychologique.
C’est parfois inégal, jamais mauvais, toujours intéressant, quelquefois sublime. Et toujours, ce souffle de poésie ….

Bettyzorg - PALAISEAU - 64 ans - 17 mai 2021


Quel ennui! 4 étoiles

La référence à Mme Bovary est pertinente: on s'y ennuie autant en présence de Bénédicte Ombredanne. Le parallèle avec Flaubert s'arrête là.
L'histoire de l'héroïne manque de crédibilité et l'auteur tombe dans la caricature en cherchant à justifier une histoire de couple abracadabrante.
L'analyse des rapports dans le couple manque de finesse, de profondeur, de justesse.
L'amant miraculeux (trouvé sur internet en deux clics!) est trop parfait pour être crédible.
Pourquoi faire de l'auteur un personnage de ce roman? L'histoire aurait pu être intéressante, racontée à la troisième personne du singulier. Elle aurait gagné en sincérité.

Anna Rose - - 52 ans - 6 mars 2015


Un pavé à tout prix? 6 étoiles

Le thème central est une très bonne idée: le cheminement d'une femme coincée dans un couple toxique.
L'articulation à travers un écrivain auquel l'héroïne se confie est judicieuse -quand on a compris la trame- mais trop développée au début. Malheureusement on se demande si on est dans le concours du plus gros pavé! L'insertion d'un texte d'un autre auteur n'apporte rien que de la longueur. La soeur jumelle qui peut dévoiler tout l'historique de la situation tombe trop bien mais ça reste positif sauf que le délayage philosophique et psychologique est too much, trop long. De même les explications du tir à l'arc, de l'arboriculture sont superflus.
Alors ce livre condensé à son thème principal, élagué de tous les thèmes annexes serait très bien, il vaut mieux la qualité que la quantité.
Le résumé de la quatrième de couverture est sans rapport avec le sujet.

Eoliah - - 73 ans - 1 mars 2015


POURQUOI FRANCE INTER a tué (bien indirectement) Bénédicte OMBREDANNE 7 étoiles

Comme dans le dernier Modiano un événement va enflammer le cordon de Bickford jusqu’à l’implosion finale (le cancer de Bénédicte Ombredanne )
l’événement déclencheur sera une émission de FRANCE INTER "le téléphone sonne" qui va révéler à son mari qu’il a le profil type d’un tyran domestique comme le définissent les spécialistes et participants de l’émission (peu croyable, qui plus est, qu’il nous est dit plus loin que le dit mari n’aime que le sport et les séries américaines, il aurait donc dû en toute logique écouter Europe 1 ou RTL mais surtout pas France Inter ) c’est à ce moment que la mèche est allumée
Bénédicte rentre chez elle et subodore un drame, la tension est à son comble, lumière éteinte, enfants au lit, "un slip souillé et deux chaussettes puantes sur le sol de sa chambre, il avait donc fallu qu’il se heurte à une contrariété majeure, (nous sommes donc en plein drame !!) comment réagit notre agrégée de Lettres: (Bénédicte)... "elle eut la délicatesse de repousser contre les plinthes avec son pied les sous vêtements"
elle comprend alors que sa vie maritale est un fiasco et décide de s émanciper en allant sur meetic chercher un amant ( ce passage est une anthologie du rire!!!!)
Reinhardt est surprenant, on a l’impression que son livre est écrit par plusieurs mains (des grandes plumes , des bonnes plumes et des plumitifs: le dialogue avec la soeur qui rapporte les propos du mari à Eric "j’ai l’intention de faire payer à la mutuelle ce que peut me coûter cette saloperie de maladie qui fout ma vie en l’air" (il faut préciser tout de même que sa femme est à l’agonie!!!) Eric Reinhardt alterne des passages très poétiques pleins de charme et d’esprit, des passages au réalisme pointilleux, d’autres introspectif, d’autre très surprenant (l’opéra comique). La fin est réussie avec la belle symbolique du lierre et du gui
Donc un roman qui passionne (certains passages méritent 5 étoiles mais un roman qui agace, d’autres passages mériteraient une pauvre étoile peu reluisante) Malgré tout je recommande cette lecture , qui parfois touche des sommets

OSCARWY - - 68 ans - 20 février 2015


Déroutant 6 étoiles

Une histoire d'amour, du genre Madame Bovary version moderne. Après tout, pourquoi pas. Mais le style est déroutant, pour ne pas dire dérangeant. Imagine-t-on la sœur de Bénédicte expliquer dans un interminable monologue de plusieurs dizaines de pages les détails de cette vie brisée ? De plus à une personne qu'elle rencontre pour la première fois, en tant que client...
Le mari de Bénédicte est odieux, certes. Mais à ce point, c'est tellement irréaliste qu'on ne croit pas une seconde à ce qui est écrit.
Etait-il vraiment nécessaire de décrire avec une telle précision anatomique les aventures sexuelles de Bénédicte et son amant, sachant que ça n'apporte strictement rien au roman ?
Tous les ingrédients étaient réunis pour faire un bon livre. Hélas le style est trop maladroit.

Bernard2 - DAX - 75 ans - 30 décembre 2014


Poignant 9 étoiles

Le moins que je puisse dire c’est que l’écriture de Eric Reinhardt m’a énormément plu. Il y a comme un soupçon de poésie et de beauté dans ses lignes. Le roman, qui raconte les différents déboires de la vie amoureuse d’une femme, aurait dû me laisser insensible. Seulement la langue utilisée par l’auteur et sa manière de me faire entrer au sein du drame m’ont littéralement atteint en plein cœur. J’ai ressenti chaque scène, chaque moment et participé avec une grande émotion aux bonheurs et malheurs de Bénédicte. En changeant de narrateurs, Eric Reinhardt nous apporte des angles de vue différents sur les aventures sentimentales de l’héroïne et nous brosse ainsi un tableau complet sur l’existence d’une femme dont le harcèlement est le quotidien. L’impuissance de l’auteur à intervenir dans le destin tragique qu’il nous raconte, ajoute à la dramaturgie. A travers ses phrases, on observe sans pouvoir agir et c’est réellement déroutant.
Même si parfois l’histoire est un peu manichéenne, la puissance du texte m’a transporté et je tenterai sûrement une autre œuvre de Monsieur Reinhardt avec ma gourmandise des beaux mots.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 3 décembre 2014


Caricature grossière d'un couple mal assorti 5 étoiles

Un livre qui m'a profondément irrité. Le thème de la femme dominée par son mari n'est pas nouveau mais ce qui m'a agacée dans ce livre ce sont toutes les exagérations tant lors de la description du comportement de Jean-François, le mari de Bénédicte que de l'histoire d'amour entre Bénédicte et Christian. C'est tellement manichéen : le mari est odieux, n'a pratiquement aucune qualité, il est mesquin, radin, jaloux, irascible etc. Il a fait de la vie de sa femme un véritable enfer. Par contre, Christian, l'amant d'un jour, lui au contraire, est parfait à tous points de vue : tendre, attentionné, patient, compréhensif, charmant... Franchement, je me croyais en plein roman Harlequin. Et l'auteur en rajoute lors de la mort de Bénédicte. Alors là, le mari se surpasse en mesquineries de toutes sortes. Évidemment, Bénédicte est la pauvre femme soumise, dominée, dévouée corps et âme à sa famille. Non mais franchement, un peu plus de subtilité et de mesure auraient été préférable à cette caricature ridicule d'un couple mal assorti. Une lecture exaspérante tellement tout est gros, prévisible.

Non, pas aimé du tout.

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 1 octobre 2014