Les guerilleros ou la chaleur des greniers favoris
de Idir Aït-Mohand

critiqué par CC.RIDER, le 30 août 2014
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une guerre sale, une sale guerre
Dans un petit village perdu dans les hauteurs de la Kabylie, la vie s'écoule paisiblement. Beaucoup de jeunes qui sont partis à Alger pour tenter de trouver un sort meilleur reviennent de temps en temps. Devenus citadins, ils ne distinguent plus la chèvre du bouc. Les hommes qui restent et beaucoup d'anciens, dont l'auteur, se retrouvent toutes les après-midi sur la place principale pour discuter, jouer à la belote ou au domino. On plaisante, on se chicane un peu. Tout le monde se connaît, s'aide, s'apprécie et pourtant de vieilles rancoeurs, de sombres affaires d'un passé sanglant et douloureux restent en arrière-plan. Idir se rappelle de tout. Entre 1954 et 1952, encore tout gamin, il a été le témoin innocent d'un certain nombre de faits peu glorieux de la guerre d'Algérie. Il a vu ceux qu'il appelle les « guerilleros », c'est à dire les gens du FLN, répandre la terreur, égorger ou pendre leurs compatriotes et l'armée française se livrer à toutes sortes d'exactions obligée qu'elle était de frapper à l'aveugle. Son village a donc subi la double peine. Terrorisé le jour par les chasseurs alpins et martyrisé la nuit par les fellaghas. Comme toujours dans ce genre de guerre civile, les plus couards furent les plus cruels et les plus injustes et l'on vit dans les derniers temps apparaître des résistants de la vingt cinquième heure qui se lançaient dans des surenchères de barbarie et de mythomanie...
« Les guerilleros » se présente comme un témoignage d'une grande honnêteté et d'un belle sincérité. Il a le mérite d'exister. Ce genre de texte est assez rare tant la réalité historique de cette sale guerre représente encore un tabou impossible à lever de l'autre côté de la Méditerranée. En ce qui concerne le style, c'est assez brut de décoffrage, bourré de coquilles, de fautes d'orthographe et de français. L'auteur n'étant allé que quatre années à l'école avant d'être envoyé garder les troupeaux, on ne lui en voudra pas. Malgré ce handicap qui pourrait d'ailleurs être levé par une bonne relecture et réécriture, ce document se lit avec intérêt et garde une grande valeur de par sa rareté et son authenticité.