Le Mystère de Cloomber
de Arthur Conan Doyle

critiqué par Bluewitch, le 28 août 2014
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
British sauce
"Le Mystère de Cloomber" (1889) est un des premiers romans d'Arthur Conan Doyle. Sherlock Holmes a déjà fait son apparition dans son œuvre mais n'intervient pas dans ce récit mystérieux et tragique dont l'histoire prend place dans l'ouest de l’Écosse.

John Fothergill West, le narrateur, est le fils d'un brillant spécialiste et traducteur en littérature perse et sanskrite. Malheureusement, cette passion extrêmement pointue ne permet pas à l'universitaire de nourrir sa famille (qui ne se résume plus qu'à son fils John et sa fille Esther) et les West sont sur le point de se résoudre à une vie de pauvreté. Mais les circonstances leurs sont favorables un demi-frère du professeur, Laird du Wigtownshire, leur propose d'occuper sa belle demeure durant son absence de longue durée.

Voilà la famille qui s'installe entre landes et mer sauvage, dans une atmosphère brumeuse à souhait. La vie y serait pourtant paisible s'il n'y avait les nouveaux locataires de la propriété voisine, Cloomber Hall : un vétéran de l'armée britannique, son épouse et leurs deux enfants. Terrifié par un danger indescriptible et indéfinissable, le général Heatherstone est un homme méfiant, imposant une chape de prudence étouffante à son entourage. Intrigué par le mystérieux personnage et amoureux de sa fille Gabrielle, John West cherchera bien entendu à percer l'énigme de Cloomber…

Landes et météo capricieuse, usage de la nuit et du crépuscule comme éléments majeurs du récit, nous ne sommes pas loin de l'ambiance du "Chien des Baskerville". Le langage délicieusement suranné de ce roman (à découvrir idéalement dans sa version originale : l'accent et les expressions écossais valent le détour) en fait le charme. Conan Doyle développe son attrait pour les mystères de l'Inde, sa spiritualité, sa culture, ses rites. Car c'est dans le passé colonial du général Heatherstone que réside toute l'intrigue de cette histoire. Régulièrement, la folie guette.

On se prend au jeu, on se délecte du rythme et des dialogues d'une autre époque. On s'attend à un dénouement manichéen et puis peut-être pas.

Agréable pour qui, comme moi, aime entretenir son anglais avec une bonne sauce british.