J'aurai ta peau Dominique A
de Arnaud Le Gouëfflec (Scénario), Olivier Balez (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 27 août 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Un triple A pour Dominique
Dominique A, chanteur de son métier, vient de recevoir une lettre de menaces. Mais qui peut bien lui en vouloir, à lui, l’auteur plus ou moins confidentiel de chansons à textes avec ses airs de moine-soldat ? De plus, son corbeau n’a fourni aucun mobile. Gagné par la paranoïa, l’artiste va être conduit à opérer une remise en question sur lui-même, son statut et son image, lui qui ne s’est « jamais laissé d’autre choix que d’être chanteur ».

« Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça les fait vivre plus longtemps. ». Quand on est l’auteur de tels textes, comment s’étonner de recevoir un courrier anonyme menaçant de vous faire la peau ? En même temps, quand on n’a pas la notoriété de Lady Gaga, on peut se dire surpris d’être menacé par un dingue… J’ai trouvé très originale l’idée de départ, consistant à faire d’un chanteur existant le personnage central d’un thriller sarcastique. Dominique A, personnalité très discrète à l’écart de l’arène frivole des « people », ne manque pas lui-même d’exprimer sa surprise et sa gêne en préface, « obligé de faire bonne figure auprès de [ses] amis que ça faisait marrer. » Et marrant, pour sûr ça l’est… La présence de Philippe « Louxor » Katerine, « copine » du chanteur à la scène comme à la ville, ajoute une touche loufoque à ce récit peu conventionnel. Tout comme le fan éperdu, sosie plus vrai que nature de son idole, qui le suit comme son ombre, ne faisant que renforcer le malaise du sieur A.

Plutôt bien construite, cette histoire bénéficie d’un graphisme innovant, avec des couleurs décalées à l’assemblage très arty. Ce n’est pas si courant en BD et c’est très plaisant à voir. Et comme je le disais, il y a pas mal d’humour, avec quelques répliques bien senties, par exemple lorsque Katerine justifie la lettre de menaces adressée à son pote : « Vingt ans de chansons d’auteur ! Mais ça a dû finir par énerver quelqu’un ! ». Sans jamais trouver le temps long jusqu’au dénouement, on finira par découvrir que le mobile du corbeau était on ne peut plus prosaïque…

On peut dire que les auteurs l’ont un peu malmené le pauvre Dom, mais c’est sans doute parce qu’ils l’aimaient bien. Pourtant, le principal intéressé s’est prêté au jeu, avouant avec humour en préface n’avoir pas voulu passer pour ce qu’il était s’il ne l’avait pas fait. Ah ah, on pourra en conclure qu’il n’est pas si austère que ça, A…