Le défi des langues: Du gâchis au bons sens
de Claude Piron

critiqué par Elya, le 24 août 2014
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Esperanto Vive ! Informations factuelles sur cette langue
Vous qui lisez en ce moment même ce texte, vous avez sans doute déjà entendu parler de l’espéranto. Je serai prêt à parier que vous avez même votre petite idée sur cette langue construite à la fin du 19è siècle par un polonais du nom de Zamenhof : « oui, la langue universelle ? Personne ne la parle ! » « ah oui, l’espéranto [sourire]… autant apprendre la latin ! » « à quoi elle va te servir ? », voici les réactions type que je reçois lorsque je dis que j’apprends l’espéranto, et qui ne vous serons sans doute pas étrangères si vous aussi vous l’apprenez.

Si vous souhaiter dépasser le stade des préjugés sur cette langue, ce livre peut vous y aider. Claude Piron est polyglotte et traducteur de formation initiale, puis s’est reconverti dans la psychotérapie (en tant que psychanaliste). Il récapitule dans cet ouvrage tout ce qu’il a pu amasser comme information au sujet de l’espéranto et de son rapport avec les autres langues, en essayant, autant que possible, de s’appuyer sur des travaux scientifiques (hélas peu nombreux dans le domaine de l’apprentissage des langues) et des références bibliographiques. Le livre date du début des années 90 mais garde selon moi toute sa pertinence, d’autant que c’est un des rares, si ce n’est le seul, sur le sujet.

La thèse de Claude Piron, à laquelle je souscris de plus en plus, et à laquelle souscrivent sans doute beaucoup d’espérantistes, est qu’il serait plus juste et plus efficient que l’espéranto soit la langue parlée majoritairement dans les rencontres internationales, qu’elles soient à finalité politique, environnementale, sociale, économique, scientifique etc. Il y a plusieurs raisons à cela, longuement détaillées et illustrées dans cet ouvrage passionnant : la langue est extrêmement facile dans sa construction grammaticale et syntaxique (comme le chinois notamment), dans son orthographe et sa prononciation (comme l’italien). Seule la langue indonésienne possède ces mêmes avantages, mais l’adopter serait favoriser les indonésiens de naissance. Choisir l’espéranto comme langue internationale, c’est limiter le privilège communicationnel de certains pays par rapport à d’autres, avec toutes les conséquences que cela engendre (pauvreté des réflexions, inégalités sociales, retentissements économiques etc.). Evidemment, Claude Piron revient longuement sur le cas de l’anglais et la nécessité selon lui de tout faire pour que cette langue complexe ne devienne pas la langue internationale. Il évoque aussi la possibilité du plurilinguisme, à l’aide de traducteurs professionnels, et souligne également les problèmes engendrés par cette option peu viable économiquement et pragmatiquement.

Legu tiun movogan libron ! Ĝi ne malkontentas vin.
[Lisez ce livre formidable ! Vous n’en serez pas mécontent.]