Pensées en chemin: ma France, des Ardennes au Pays basque
de Axel Kahn

critiqué par CC.RIDER, le 14 août 2014
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Je pense donc je marche...
Du 8 mai au 1er août 2013, le médecin, généticien et, dans une moindre mesure, politicien Axel Kahn a traversé la France à pied du nord au sud, de Givet dans les Ardennes à Ascain au Pays Basque. Il en a profité pour arpenter toute la partie française du chemin de Saint Jacques de Compostelle du Poy en Velay à Saint Jean Pied de Port, mais en prenant soin d'éviter les hébergements collectifs et en se sustentant dans des auberges et des restaurants. Dans de nombreuses villes, des délégations d'élus et de journalistes locaux ou nationaux l'attendent. Il donne des conférences très suivies et informe chaque soir ses « followers » de sa progression grâce aux photos prises par son smartphone dernier cri et à l'aide de compte-rendus envoyés depuis sa tablette tactile. Ni véritable pèlerin, ni randonneur de base, Axel Kahn, qui se déclare ouvertement agnostique, marche pour rencontrer la France d'en bas. Ce qu'il découvre au fil de sa lente progression le fera-t-il changer d'avis sur ce qu'il appelle « sa France », celle qu'il aime et qui ne ressemble pas tout à fait à l'image qu'il s'en était faite au départ ?
« Pensées en chemin » est un peu le journal de bord ou le carnet de route de cette traversée originale de la France. Axel Kahn ne cache pas avoir trouvé l'idée chez Jacques Lacarrière en lisant « Chemin faisant », magnifique ouvrage qui marqua son époque. Si l'inspiration et l'itinéraire sont voisins, l'esprit et la réalisation en sont assez éloignés. Près d'un demi-siècle sépare les deux « intellectuels », le pays a bien changé, les mentalités également. Les friches industrielles abondent maintenant, les villes sinistrées également. Dans chaque bassin d'emploi, la mondialisation a entraîné des délocalisations, des fermetures d'usines et de sites de production et au bout du compte du chômage. Même la filière bois nous a échappé. Les arbres de nos forêts sont abattus pour être transformés en parquets ou en meubles en Chine avant d'être revendus chez nous ! Kahn cherche désespérément les fameuses « destructions constructives » et ne trouve que les destructions, les créations étant réservées aux pays émergents et peu susceptibles de revenir là où elles ont disparu. Pour ne rien arranger, le mois de mai 2013 voit une météo particulièrement défavorable pour le marcheur : pluie, froid, vent, neige ou glace. Mais rien n'arrête le vaillant narrateur qui aligne les étapes avec un courage remarquable. Bien que moins charmant et moins poétique que « Chemin faisant », cet ouvrage est néanmoins fort agréable et fort intéressant à lire. Le passionné de voyages à pied le dévorera sans aucun problème.