Journal d'un tueur sentimental et autres histoires
de Luis Sepúlveda

critiqué par Darius, le 22 octobre 2003
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Trois nouvelles bourrées d'humour
Il y a deux manières de lire ces 3 nouvelles policières.
Vous pouvez les imaginer rédigées par un auteur culturellement proche de nous qui situe ses actions dans un pays quelconque. Ou alors, vous les abordez plus politiquement, en vous remémorant les événements qui ont marqué le Chili pendant près de 20 ans. Peu importe la manière dont vous les dévorerez, ce sera jubilatoire.
La première nouvelle qui a donné son titre au livre nous conte les pérégrinations d’un tueur à gages qui tout à coup, se préoccupe de la biographie de la victime, un trafiquant de drogue. Chose peu commune, puisque ce dernier sursaut d’humanité lui vaudra son renvoi. - Mais pourquoi inondes-tu les Etats-Unis de drogue bon marché ? - Parce que je les hais. Les gringos, il faut les pourrir, ils veulent de l'héroïne, je leur en donne, et presque à l'oeil. Il faut les pourrir de l’intérieur. C'est la seule issue pour nous, les Latino-Américains. Pour chaque émigrant, pour chaque Mexicain, humilié à leur putain de frontière, moi je pourris plusieurs d'entre eux, tu comprends ?
La seconde nouvelle, intitulée "Hot line" met en scène un couple de Chiliens revenus de l’exil qui met sur pied un téléphone rose et se trouvent confrontés à un pervers. Un inspecteur "Mapuche" un de ces Indiens de la campagne, muté pour avoir osé épingler le fils dégénéré d’un général – bien que nous soyons en démocratie, les sbires de Pinochet sont toujours là – mène l’enquête.
La fin reste brumeuse. L'a-t-il voulu réjouissante sachant qu’en réalité, cela ne se passe pas de cette façon dans ce Chili dit démocratique ? Ou laisse-t-elle présumer que l'inspecteur Mapuche a perdu la partie ?
"Le jour se levait sur Santiago et comme toujours à cette heure, on ramassait les ordures pour suggérer un peu de décence".
Dans la troisième nouvelle, "Yacaré", un émigré chilien en Suisse se retrouve détective pour une société d’assurance. Son rôle est de découvrir la raison de la mort soudaine de l’un de leurs assurés, un Milanais, à la tête d’une maroquinerie de luxe et qui a bâti son empire sur le commerce de sacs en peau de crocodiles.
Des "yacarés" qu'il achète en fraude, pour trois fois rien, en délestant ainsi les Indiens du Brésil de leurs richesses et en abattant de jeunes animaux protégés. Les sociétés d’assurance en prennent aussi pour leur grade, mais n’ignorions-nous pas déjà leurs agissements ? Au cas où la prime d’un million de FS ne serait pas versée parce que le Milanais ne serait pas mort de cause naturelle, 10 % en reviendrait à ceux qui parviendraient à prouver la vraie raison du décès. Pourtant, tout porte à croire que le riche Milanais est mort d’une crise cardiaque. Mais c’est sans compter sur le sorcier Manai…
Court 6 étoiles

Recueil de trois nouvelles de cet auteur chilien que j’aime beaucoup. Journal d’un tueur sentimental est à mon avis la meilleure du lot. J’ai lu les deux autres avec plaisir même si je les ai moins appréciées. Lecture rapide et agréable.

Kabuto - Craponne - 63 ans - 10 mars 2024


L'amour, ça craint 8 étoiles

Après ma lecture précédente qui m'avait traumatisé, j'avais besoin de me remettre dans le bain avec un petit livre facile à lire. C'est pourquoi j'ai opté tout de suite pour ce récit en voyant le nombre peu important de pages... et je n'ai pas été déçu !

Luis Sepulveda nous narre la vie d'un tueur en série professionnel, plein aux as et un peu blasé de la vie. Le problème de ce tueur, c'est qu'il va tomber en quelque sorte amoureux d'une petite jeunette. Cette relation va alors le faire douter sur ses convictions, il commence à se poser des questions sur le bien-fondé de son métier et c'est le début de la décadence car un bon assassin ne doit pas se poser de questions, ni sur ses actions, ni sur ses cibles.

Je pense qu'il faut juste voir un court récit qui se lit très bien car le style est fluide. On est plongés dans l'histoire dès les premières pages, donc on profite du livre à 100%, il n'y a pas de temps mort, pas de temps d'adaptation pour se plonger dans l'histoire. C'est vraiment plaisant car aucune concentration n'est nécessaire, les pages défilent et on profite, tout ce qu'il y a à faire.

Donc, à l'occasion, si vous avez l'opportunité de l'acheter pour un ou deux euros ou de l'emprunter à la bibliothèque. Allez-y, les yeux fermés, ce livre n'a nulle prétention et c'est pour ça qu'il réussit si bien son coup.

Nabu - Paris - 38 ans - 7 mars 2010


Six jours dans la vie d'un tueur 8 étoiles

Je ne parlerai pas ici de "Hot line" ou "Yacare", repris dans l'édition présente sur ce site et qui ont fait l'objet d'un commentaire séparé.

Six jours de la vie d'un parfait tueur à gages, excellent dans son domaine, qui apprend que la femme qu'il aime est tombée amoureuse d'un autre mais doit néanmoins poursuivre son boulot, parce que les affaires sont les affaires et le coeur n'a pas à avoir priorité sur le reste. Facile à dire, un peu moins à vivre et notre tueur devenu sentimental va découvrir ou redécouvrir certaines émotions enfouies profondément, comme par exemple la culpabilité. Un long périple va lui permettre de réfléchir à tout ça.

C'est court, cynique et drôle à souhait. Sepulveda crée un personnage très intéressant, froid et humain, qui inspire un mélange d'agacement mais aussi d'attachement de la part du lecteur. Pas un super héros, même si il s'en donne de temps en temps l'apparence. On sent que le gars est paumé et que décidément, avoir le coeur qui raisonne à la place du cerveau, ce n'est jamais bon!
J'ai apprécié l'humour qui se dégage de ce texte, visible ou entre les lignes.

Sahkti - Genève - 50 ans - 10 avril 2007


bien 7 étoiles

L'ouvrage que j'ai lu ne comprenait que le "journal d'un tueur sentimental"

C'est une nouvelle décrivant une semaine de la vie d'un tueur à gages.

"Un professionnel ne mélange jamais travail et les sentiments." Depuis quelque temps, le professionnel dont il est question a mêlé les deux.

La nouvelle est une parodie de ce qu'on imagine être la vie des professionnels.

Cracotte - - 48 ans - 5 janvier 2007