Walking Dead, Tome 20 : Sur le sentier de la guerre
de Robert Kirkman (Scénario), Charlie Adlard (Dessin), Stefano Gaudiano (Dessin)

critiqué par Blue Boy, le 11 août 2014
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Ça passe ou ça casse...
Avec ce 20ème tome, le moment semble approprié pour tenter de faire un petit bilan de cette série au long cours dont le succès va croissant depuis 10 ans, aussi bien pour la BD que pour la série télé, lancée il y a 4 ans. Pour le tome précédent, j’avais évoqué l’aspect corporate et gros sous. Je vais essayer maintenant de parler des lecteurs, sans prétendre évidemment à une analyse exhaustive.

Parmi les fans de Walking Dead, il y a trois catégories : ceux de la première heure qui ont apprécié les premiers tomes et ont commencé à décrocher depuis quelques temps. Vingt tomes, en effet, ça commence à faire long, et ceux-là voudront croire, non sans une pointe de snobisme, en un essoufflement de la série avec l’apparition du chef Negan, personnage trouble et imprévisible, sorte de double du gouverneur qui, lui, avait marqué les débuts de la saga. A l’inverse, il y a les lecteurs plus récents, qui, intrigués par le succès de la série, ont décidé de franchir le pas, contribuant ainsi à en faire un best-seller grand public du 9ème art. Il y a enfin les fidèles, qui ont fait connaissance depuis longtemps avec les personnages, des humains comme vous et moi, et apprécient de les voir évoluer d’épisode en épisode (quand ils ne disparaissent pas brutalement, souvent de façon tragique). Et c’est un des points forts de Walking Dead, rarement vu en BD, cette façon dont les personnalités changent, se durcissent, en étant confrontées à un environnement hostile, ainsi qu’à des problématiques où la frontière entre le bien et le mal s’estompe devant des enjeux de survie. Captivés par la puissance vitale de la série et sa contemporanéité, avec ce jeu de chaises tournantes évoquant une mauvaise téléréalité (avec de vrais zombies par contre), ils resteront plus indulgents vis-à-vis des redites scénaristiques constatées depuis quelques tomes.

Pas sûr en tout cas que la première catégorie ressorte convaincue par ce nouvel opus portant d’ailleurs très bien son titre. En effet, clairement tourné vers l’action et la violence, sa trame est finalement assez semblable à l’épisode du « pénitencier », avec deux camps qui s’opposent et dont le leadership est assuré par Rick Grimes d’un côté, et une tête brûlée tyrannique de l’autre. Et ça ne semble pas terminé, puisqu’une seconde partie est programmée sur cette guerre entre Rick et Negan qui a déjà commencé à engendrer son lot de souffrances et de morts. On peut donc s’attendre à un tome 21 encore plus dévastateur si la même trame est reprise, avec logiquement la mort de Negan… Une telle prédiction n’engage évidemment que moi mais montrera, donnant ainsi crédit à la première catégorie de fans, que les auteurs auraient fort intérêt à se renouveler.

Même si je me fais un peu l’avocat du diable, je dois reconnaître que j’ai tout de même très envie de la connaître cette suite, car je sais d’avance qu’il y aura des scènes chocs renforcées d’un suspense à couper au couteau. Ce qu’il me tarde surtout de voir, c’est comment les auteurs vont rebondir après cette guerre d’où ressortira forcément un vainqueur sans pitié pour le perdant. A en croire Charlie Adlard, le dernier mot devrait revenir aux lecteurs puisque, comme le dit celui-ci, la série s’arrêtera dès que les ventes commenceront à chuter. Mais les accros n’auraient en principe pas lieu de s’inquiéter étant donné que le scénariste Robert Kirkman, toujours selon les termes d’Adlard, semble avoir assez d’histoires en tête pour continuer des années…
"C'est la guerre !" 8 étoiles

"Les faits ne cessent pas d'exister parceque ils sont ignorés", disait Aldous Huxley. Pour Walking Dead c'est un peu pareil et en dépit de sa présentation en comic, c'est une série qui a atteint presque un sommet global du roman-feuilleton... Bien sûr certains la réservent stupidement aux djeunes et pourtant son atmosphère est plutôt ténébreuse et par ailleurs digne des oeuvres les plus confirmées.

Balzac n'écrivait-il pas lui aussi des feuilletons populaires pour le Figaro ? Zola n'était-il pas payé avant tout par la gauche, qui voyait en lui un des moyens d'affirmer son électorat ? Pourquoi toujours nier ce qui jouit d'un succès X ou Y, et y voir l'occasion de débattre ?

A une époque ou tout doit être tellement propret, je pense vraiment que beaucoup parlent sans savoir et passent à coté d'une bonne série aux bons épisodes (peut-être pas égale dans tous ses tomes mais le 20 est très réussi, avec en prime une touche sexy versant byzarrement vers le glauque. Etrange et à découvrir en tout cas) et pas seulement d'un divertissement. De plus le personnage de Rick Grimes y gagne là en profondeur. Le problème est en fait que Walking Dead n'a pas été très bien adapté à la TV - du moins pour les premières aventures - les acheteurs de fond doivent s'y perdre évidemment devant les bacs des supermarchés.

Mais comme disait l'autre on retient toujours ce qui est non-dit et inconnu, encore une raison donc d'aller se cacher comme les quelques survivants de ces zombies purulents...

Antihuman - Paris - 41 ans - 30 août 2014