La Pyramide
de William Golding

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 8 août 2014
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
La bienséance sociale
Tout d'abord, il convient de préciser que « La pyramide » n'est pas proprement un roman, mais une trilogie de nouvelles utilisant le même personnage central et le même décor: Oliver, fils d'un chimiste de la classe moyenne, et comme décor, Stilbourne une ville anglaise où Oliver a grandi pendant les années 1920s. Les personnages secondaires, qui varient légèrement d'histoire en histoire, sont constitués des parents et des voisins d'Oliver à Stilbourne.

Présenté comme une comédie, le bouquin est loin de répondre à ce que l’on s’attend d’un divertissement léger. Dans la première et la plus longue histoire, Oliver a 18 ans et se prépare à commencer le premier cycle à l'Université d'Oxford. Il se morfond d’amour pour Imogen Grantley, qui vient d'une famille de classe supérieure. Mais elle va bientôt se marier. Oliver se rabat sur la compagnie d'une autre jeune fille du coin, Evie Babbacombe, qui est la fille du crieur public et donc de classe inférieure. Il n'a pas l'intention de poursuivre leur relation à l'automne quand il va partir pour Oxford. En conséquence, il prend panique lorsque il apprend la possibilité qu’Evie soit enceinte.

Avec ce texte Golding dénonce sans grande subtilité la hiérarchie des classes sociales et leur emprise sur les comportements, ici le mépris social, fortement exprimé également par les autres personnages de la ville dans leurs commentaires sur la jeune fille.

Le deuxième volet offre un peu d'humour. Durant la période des vacances, Oliver est contraint à participer à une production musicale dans laquelle sa mère joue du piano. Mais même dans cette partie plus légère l’ombre du système de castes se pointe, entre autres, dans le dénigrement d’Oliver lorsqu’il déclare que la moitié de la population de Stilbourne est inadmissible à participer, car elle habite des quartiers malfamés.

Le dernier épisode voit Oliver retourner à Stilbourne de nombreuses années plus tard, un homme qui a réussi, qui a un statut supérieur dans l’échelle sociale. Une rencontre lui remémore une histoire ancienne qui avait scandalisé la ville. Une femme d’esprit libre s’était entichée d’un humble chauffeur. Ce dernier était devenu plus tard l’homme le plus puissant de la ville.

À la fin de ces trois variations sur un même thème, on comprend que le titre fait référence à la ‘Pyramide’ sociale et qu’il s’agit en fait d’un livre de terreur où les monstres sont les rumeurs, les commérages, les classes et l’image publique. Un roman très personnel puisque Golding était un écrivain maladroit socialement et souffrait d’une faible estime de soi, même après avoir été récompensé du prix Nobel.

Malheureusement, le personnage central de son bouquin n’est pas attachant. Même si il est, en quelque sorte, simplement un reflet de son milieu, cela ne nous le rend pas plus sympathique.

Essentiellement, un ensemble de saynètes plus ou moins intéressantes, j’ai dû redoubler d’efforts pour me rendre au bout. Je comprends pourquoi ce titre dans l’œuvre de Golding a plutôt sombré dans l’obscurité. Avec raison.