La Bande du Drugstore
de François Armanet

critiqué par Nothingman, le 18 octobre 2003
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Le Paris branché des sixties
La bande du drugstore, c'est le portrait doux-amer de quatre jeunes adolescents durant la période 1966-1967. Juste avant les émeutes de mai 68. Charles, le narrateur, Philippe, Marc et Guy fréquentent assidument le Drugstore, un bar branché situé place de l'Etoile en haut des Champs Elysées. Un endroit immortalisé depuis lors dans la chanson "Les Playboys" de Jacques Dutronc: " J'ai pas peur de petits minets qui mangent leur ronron au Drugstore...". Plus qu'une boîte branchée, le Drugstore,c'était avant tout un état d'esprit. Ses adhérents étaient pour la plupart des jeunes gens issus des classes aisées parisiennes, des beaux quartiers. A eux tous, ils formaient la bande du Drugstore.
Nostalgique, mais sans complaisance, l'auteur décrypte les nombreux codes et rituels qui régissent la vie de ces garçons dans le vent. Des dandys un brin nihilistes,faussement dilletantes, qui se la jouent, friment beaucoup, dansent le jerk et terrorisent les boums parisiennes du seul fait de leur présence. Des garçons qui faisaient la mode de l'époque. Dans ce cercle fermé, il était de bon ton de porter des "mini shetlands", des "trench-coat", des
"Ray Ban", des pantalons super étroits,... Leur moindre comportement était minutieusement étudié et copié. Dans les "juke-box ", les "Stones" chantaient "Paint it black"; les "Byrds" : "Turn, turn ,turn"; les "Troggs" s'égosillaient sur "Wild thing". L'auteur décrit bien cet état d'esprit. D'autant mieux que lui aussi a connu les grandes heures du "Drug".
La bande du Drugstore est aussi une chronique douce-amère de l'adolescence. Cet âge où l'on est encore un peu enfant et pas tout à fait adulte. Cette période faite d'incertitudes dans laquelle il faut gérer au mieux
conflits, humilations et premiers émois sexuels. Ce roman est donc une reconstitution minutieuse de l'univers adolescent des années 60. Le problème, quand on veut être trop précis, c'est que le lecteur ne se projette pas dans l'histoire, ne se sente que spectateur. D'autant plus quand on a la vingtaine au XXIème siècle et qu'on ne maîtrise pas bien tous les codes de l'époque sixties!