Au non plaisir de vous revoir
de Caroline Moreno

critiqué par Libris québécis, le 14 octobre 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Se résigner à mourir
Caroline Moreno est une journaliste pigiste, qui s'est donné un pseudonyme comme romancière. Au non-plaisir de vous revoir - quel titre affreux ! - est son premier roman. Il s'agit du testament d'une mourante qui rédige ses dernières impressions avant de quitter ceux et celles qu'elle a aimés.
La narratrice s'adresse particulièrement à sa soeur. Résignée à
mourir, elle lui rappelle tout ce qui l'a rendue heureuse sur cette terre : son mari, sa fille, les membres de sa famille... Tout est embelli. Le «struggle for life» est oublié. Tout est bien qui finit comme prévu. Le cancer ronge, mais la vie vaut la peine d'être vécue à cause de ceux qui t'ont entouré. Faut-il croire que l'entourage de la narratrice a toujours répondu à ses attentes? Il est permis d'en douter, surtout qu'elle évoque un premier amour qu'elle n'a jamais oublié. Dommage que cet aspect du roman n'ait pas été davantage exploité comme l'a fait Ying Chen dans Le Champ dans la mer.
Ses souvenirs heureux sont évidemment teintés de tristesse par cette mort prochaine. On n'est pas loin de la fable de La Fontaine. Même si l'auteure aborde avec franchise le thème de la mort, on sent que sa moribonde ne transcende pas ce qu'elle vit. Elle reste collée à la matérialité. La mort se limite à la perte d'êtres chers. C'est un peu mince comme réflexion. Par contre, il y a des accents d'authenticité dans cette oeuvre, qui laissent croire que Caroline Moreno s'est servi de l'écriture pour assumer son propre deuil, mais son émotion ne parvient pas à s'imposer. Sur le même sujet et avec la même technique structurale, Maryse Pelletier a écrit L'Odeur des pivoines, une oeuvre bien plus étoffée.