La dernière lettre écrite par des soldats tombés au champ d'honneur 1914-1918
de Collectif

critiqué par JulesRomans, le 2 août 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Les mots des morts
"La dernière lettre" est une réédition à l’identique d’un ouvrage de 1922 qui propose des lettres de poilus écrites peu avant leur décès (certaines évaluent leurs chances de revenir de leur prochaine mission à pas grand-chose) à des proches. Il s’agit d’une sélection de courriers envoyés par les familles au comité composé d’anciens combattants et de pères ayant perdu leur fils comme soldat.

Elles sont classées par ordre alphabétique et si le nom de leur auteur, son grade et la date de son décès est toujours mentionné, ce n’est pas toujours le cas pour la dernière unité à laquelle il a appartenu. Aujourd’hui, on peut connaître lieu et date de naissance ainsi qu’unité avec la mise en ligne du fichier des morts pour la France de la Grande Guerre à cette adresse

http://memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/….

Ainsi du sergent Louis Bieler décédé à quelques jours près que mon arrière-grand-père, dans le cadre des Offensives du début de l’automne 1915 en Champagne, apprend-on sur sa fiche qu’il était né à Paris en 1885 et que contrairement à ce qui est indiqué il n’appartenait pas au 238e régiment d’infanterie coloniale (comme le dit ce livre) mais au 23e.

On note la présence d’une lettre d’un instituteur à ces élèves, rappelons à cette occasion que ce fut le corps de métier qui fut le plus touché en proportion (du fait qu’ils fournirent nombre de sous-officiers et de lieutenants largement exposés). C’est à peu près la seule fois où est malheureusement indiquée la profession, les autres cas concernent un pasteur et des aumôniers catholiques. Cet enseignant servait comme adjudant, il se nommait Henri Boulle et était né à Plou dans le Cher en 1882. Un autre Berrichon le sergent A. Durand livre un message de très forte tonalité catholique. On a sélectionné des courriers d’anciens pupilles de l’Assistance publique et d’engagés volontaires comme avec le sergent lorrain Émile Imhaus Mahy tué à 20 ans et 2 mois (fiche au nom d’Émile Mahy).

Dans plusieurs courriers de fin d’hiver, du printemps et de l’automne 1915 (entre autre celui du sergent Georges Nicolet et d’Émile Lassagne) l’idée qu’avec ce "manchinisme nouveau" dans la guerre, un vainqueur va se dégager en 1916 (évidemment la France et ses alliés pour les écrivains de ces lettres). On relève également la lettre traduite d’un officier américain, le sous-lieutenant Conrad Crawford avec un contenu flatteur pour la France. Certaines lettres où le soldat prévoyait sa mort furent écrits plusieurs fois par certains durant celle longue guerre, on en a un exemple avec un courrier du 18 juin 1915 venant des tranchées de l’Yser pour l’aspirant chez les zouaves avec Henri Joyeux qui ne décéda en Grèce non loin de la Macédoine serbe que quasiment 18 mois plus tard.

Cet ouvrage permet d’approcher une partie des raisons qui firent tenir les soldats français et l’émotion des familles à la lecture de lettres venues du front. Si le lecteur avait bénéficié d’une page supplémentaire avec date et lieu de naissance des soldats, il aurait pu voir ceux qui étaient originaires de sa région. La lecture d’une lettre de poilu devenant un classique de la cérémonie du 11 novembre, on aurait pu facilement utiliser cet ouvrage pour en trouver un ayant un lien avec le département.