Transatlantic
de Colum McCann

critiqué par Marvic, le 25 juillet 2014
(Normandie - 66 ans)


La note:  étoiles
Allers-retours Irlande Amérique
L'histoire commence en 1919. Alcock et Brown, deux aviateurs chevronnés, décident de tenter la traversée de l'Atlantique à bord d'un petit bombardier bricolé. Durant leurs préparatifs, ils croisent de nombreux journalistes, dont deux femmes originales Emily Ehrlich, une américaine arthritique et sa fille Lottie, experte photographe qui leur confieront une lettre, anticipant ainsi l'Aéropostale.
Une traversée périlleuse à la lecture de l'équipement rudimentaire des avions de cette époque.
Nous quittons les héros dès leur atterrissage pour nous retrouver à Dublin en 1845, dans les pas de Frederick Douglass, ancien esclave noir américain, venu défendre l'abolitionnisme. Il croise avec émotion une petite domestique Lily à qui cette rencontre donnera la force de tout quitter pour s'embarquer vers l'Amérique de M. Douglass.
La découverte de la misère de l'Irlande est poignante, particulièrement dans la ville de Cork; on partage son émotion, lui, l'un des premiers nègres libres devant tant de misère, et la contradiction qu'il éprouve devant ces gens libres mais dans une telle détresse.
Un grand bond en avant nous amène ensuite en 1998, pour suivre les efforts du sénateur Mitchell dans sa volonté d'une paix durable en Irlande.

La deuxième partie du roman nous remmène en 1863 auprès de Lily en Amérique. Le récit devient alors plus linéaire, focalisé sur le destin de cette femme et de ses descendantes.
Même si nous nous retrouvons en 1929 au chapitre suivant, les personnages sont maintenant connus et la lecture plus facile, de Lily Duggan à Emily Ehrlich à Lottie Tuttle.

Sans nul doute, la deuxième partie a été pour moi la plus intéressante.
Le changement de personnages et d'époques de la première moitié du livre désorientant la lecture, il m'a fallu l'aide de la quatrième de couverture pour pouvoir aller jusqu'à la deuxième partie.
Avec comme fils rouges, l'histoire de l'Irlande (mais Frank McCourt a déjà témoigné de façon tellement poignante), l'Hôtel Cochrane, point de chute des différents protagonistes et cette fameuse lettre qui commence et termine le roman.

Si l'auteur de Zoli a habilement mêlé fiction et réalité, je pense qu'il a péché par excès de zèle et que personnellement, les destins de ces femmes irlando-américaines aurait suffi à la réussite de ce roman
Réalité et fiction… 8 étoiles

L’histoire de ce roman est racontée en trois parties et comporte de multiples perspectives en corrélation. De plus, Transatlantic diffuse grandiosement sur plus d'un siècle et demi, mélangeant habilement personnages historiques et fictifs tout en zigzagant à travers l'étang salé séparant l'Amérique de l'Irlande.

La tâche de tisser ces contes disparates ensemble incombe à quatre générations de femmes de la même famille fictive dont les histoires sont étoffées dans la deuxième et troisième partie du livre.
Ma principale retenue à la lecture de ce roman est que ces caractères féminins se détachent comme un peu sans importance.
Quoique l'écriture tende vers l'intimité bavarde, nous sentons souvent les grands traits de la prise de conscience personnelle de l’auteur.

Le roman semble suggérer que nous devrions voir les actes personnels de courage de ces femmes anonymes au même titre que ceux des hommes, exploits publics et héroïques, et encore, McCann ne peut pas tout à fait conjurer la glissade dans le fait d'être un peu morne à leurs sujets, ce qui a causé que mon attention ait légèrement erré dans la deuxième moitié du livre.

Énoncer que la structure élégante du roman est ce que j'en admire le plus, peut sonner, je réalise, comme apprécier une peinture pour son cadre. Mais c'est un accomplissement formidable; même la meilleure écriture s'effondrera en l'absence d'un échafaudage approprié. McCann compte beaucoup de lecteurs passionnés et tandis que ce livre ne soit peut-être pas son meilleur jusqu'à présent, plusieurs, tout comme moi, y trouveront une lecture fort agréable.

N.B. Lu en version originale anglaise.

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 19 février 2015