Les nouveaux émiles de Gab la Rafale : Courrier électronique
de Gabriel Matzneff

critiqué par Dirlandaise, le 18 juillet 2014
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Le sable dans le sablier
Il s’agit d’un recueil de courriels (charmantement baptisés « émiles » par l’auteur) adressés à ses connaissances, relations professionnelles et amis (es). Gabriel Matzneff, toujours égal à lui-même, commente l’actualité politique et sociale, l’arrivée des nouvelles technologies et la médiocrité ambiante. Il cause le cher homme, il voyage, il travaille et il fait preuve d’une belle philosophie lorsque, malheureusement, il apprend être atteint du cancer. Comme il l’écrit si justement : il profite de la vie car le sable dans le sablier est de plus en plus restreint. La tentation du suicide vient une fois de plus le tenter mais il résiste de toutes ses forces et affronte avec courage l’adversité.

Les émiles de Gab la Rafale sont un plaisir pour qui aime Gabriel Matzneff. Je suis une inconditionnelle de cet écrivain donc je l’ai retrouvé avec un immense plaisir et le lire m’a encore une fois plongée dans le même bonheur et la même joie. Chacune de mes rencontres avec cet écrivain à l’esprit libre m’a laissé un grand désir de poursuivre la lecture de sa si belle prose et je me délecte avec passion de sa grande culture, de son esprit joyeux, de son amour des rites sacrés de la religion orthodoxe et de ses opinions sur tout ce qui l’entoure.

On ne lit pas ce livre sans d’abord avoir lu le reste de son œuvre sinon le lecteur n’y comprendra goutte et n’aura aucun repère. Il faut connaître la vie et les combats de Gabriel Matzneff pour bien apprécier ce recueil de émiles parfois amers mais souvent tendres et remplis d’amitié et de complicité envers ses chers mais pas toujours fidèles correspondant(e)s.

À réserver donc pour un lectorat averti.

« Un mariage ? Il faut bien que les gens se marient de temps en temps, ne serait-ce que pour avoir plus tard le plaisir de divorcer. »

« Je pars pour Naples demain matin. Ah ! si le Vésuve pouvait se réveiller, m’ensevelir ! La mort de Pline l’Ancien, ce serait chic ! »

« L’essentiel est que mes livres soient de beaux livres, qu’en les écrivant j’aie créé des œuvres de beauté, que j’aie quelques lectrices et lecteurs tels que vous. Le reste est secondaire. Relisez la parabole des lis des champs chez saint Mathieu. Tout y est. »