Mourir à Berlin
de Jean Mabire

critiqué par CC.RIDER, le 31 août 2024
( - 66 ans)


La note:  étoiles
L'ultime sacrifice
Entre 1943 et 1945, 10 000 Français s’engagèrent dans la Waffen SS. Ils formèrent la division Charlemagne qui fut envoyée combattre sur le front de l’Est, à la charnière de l’attaque de deux divisions soviétiques, entre l’Oder et la mer Baltique. Sans soutien d’aviation, sans chars, sans appui d’artillerie et sans liaison, ils subissent de fortes pertes à titre de baptème du feu, mais réussissent néanmoins à retarder quelque peu la ruée de l’Armée Rouge. Bilan : sur 5100 hommes engagés, seuls 500 en réchappent. Ils doivent se replier en marchant de nuit et en se cachant dans les bois pour ne pas être capturés. Les Allemands leur ayant proposé de se reconvertir en simples travailleurs, certains issus de la Milice ou de la LVF qui ne comprennent pas pourquoi des Français s’acharnent à vouloir défendre l’Allemagne alors que tout est perdu, les Russes étant déjà sur l’Oder et les Alliés à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, acceptent de troquer leurs armes contre des pelles et des pioches. Les autres (environ 700 hommes) prennent la direction de Berlin pour la dernière bataille, le sacrifice final (27 avril au 2 mai 1945).
« Mourir à Berlin » est un essai historique de grande qualité, basé sur des témoignages de survivants, qui raconte les combats ultimes des SS français face au déferlement de l’Armée Rouge. C’est vivant (si l’on peut dire dans pareilles circonstances), bien écrit, agréable à lire. Mais ça laisse une impression amère de combat douteux, d’engagement inutile, un peu/beaucoup pour la gloire et le panache. Avec l’aide de quelques brigades de Scandinaves, Baltes et autres volontaires européens, avec celle de vieillards de la Volksturm et de gamins de 14 ans de la HitlerJugend, ces jeunes Français furent les tout derniers combattants pour défendre la ville de Berlin et le bunker d’Hitler, sans aviation, sans chars, sans artillerie, sans armes lourdes, dézinguant au PanzerFaust des dizaines de chars russes avant d’être submergés, écrasés sous les bombes ou flingués par des tireurs d’élite. Ils se battirent même après le suicide d’Hitler. Très peu survécurent. Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Ils furent des soldats politiques, fanatisés, plus nazis que les nazis, persuadés de mener le juste combat, celui d’une Europe nouvelle, unie sous la bannière à croix gammée, se dressant en travers de la route de l’envahisseur bolchevique. La propagande de l’époque fit de grands ravages. Celle d’aujourd’hui n’est guère meilleure…