Histoire d'un bonheur
de Geneviève Damas

critiqué par Deashelle, le 8 juillet 2014
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Sauve, qui peut!
"Quel est le secret d'Anita Beauthier ? Rien ne la prédestinait à rencontrer Noureddine, élève en difficulté dans une école de la ville ni à lier avec lui une relation faite de crainte et de tendresse. Rien ne laissait penser non plus que Simon, beau-frère d'Anita, homme solitaire et taciturne, rencontrerait Nathalie, la voisine, trahie par son mari. Histoire d'un bonheur est le récit de ces rencontres improbables, porteuses de vraies questions : qu'est-ce que le bonheur ? Et comment se libérer des conventions d'une vie toute tracée pour découvrir, peut-être, son propre chemin ?" C'est ce que dit la quatrième de couverture.

Oui mais encore ! Geneviève Damas joue les magiciennes de l’écriture pour d’abord nous faire rencontrer des individus improbables. Tout d’abord, Anita buvant son thé au jasmin, qui au bout de quelques pages sonne « zarbi », entendez bizarre. Plus qu’une page d’anthologie: son caquetage - une vraie logorrhée qui fait un cinquième du livre - fait penser qu’elle est peut-être shootée à quelque chose, ou qu’elle a dû se vacciner par la parole pour se protéger de l’indifférence du monde. Elle a développé un monde imaginaire de certitudes et le comportement conditionné de la femme plus que parfaite. Une maison bourgeoise impeccable, un jardin comme un parc, des enfants irréprochables (sauf que..), un mari dévoué (sauf que…), bref, une vie sauve-qui-peut ! Et c’est ce qu’elle va faire à son insu! La vie va l’embarquer dans une aventure insolite…
Puis tout est une question de Rencontres improbables, toutes plus salvatrices, les unes que les autres.

La rencontre langagière n’est pas en reste. Le langage de la rue est infusé à doses de plus en plus intenses dans l’œuvre littéraire. Question de remettre les pendules à l’heure et éviter les fossés générationnels. C’est entièrement réussi et parfaitement succulent. C’est comme la première fois que l’on boit du jus de pamplemousse, on ajoute des tonnes de sucre et puis on aime et pas seulement le sucre ! On en redemande même. Et Geneviève Damas est passée maître en cocktails linguistiques avec grande distinction !
Autour d’Anita s’est soudain générée une famille inattendue, faite de mauvaises herbes mais combien essentielles. Leurs vertus médicinales s’appellent le regard, l’écoute, la caresse, le geste attendri, la révolte, la colère, la consolation, l’ouverture vers l’autre. Font partie de ce monde nouveau, celui que la vie a piétiné à tout âge et en tout lieu, ceux que l’on regarde en transparence ou avec le filtre de la peur, les insignifiants qui existent quand même...

On vous prévient, la fin est triste, on l’espérait autre mais il y a des ravages qui sont impossible à régénérer! Sauf que…
Histoire de paumés qui s'entraident 6 étoiles

Thème classique : histoire de 4 paumés dont les destins se croisent pour qu'ils puissent s'épauler les uns les autres.
Anita, pour qui les apparences comptent plus que tout, vient de découvrir que son fils chéri est homosexuel. En remplaçant une amie dans une école des devoirs, elle fait la connaissance de Noureddine, treize ans, cancre sans amis, dont le père s'est suicidé. Contre toute attente, ce dernier s'attache à elle...
Les beaux sentiments qui tentent d'alléger l'ambiance ne font pas le poids face à la déprime qui règne dans ce roman. Je sature un peu vis-à-vis de ce genre de romans du style "Ensemble c'est tout" d'Anna Gavalda… même si c'est très bien écrit, avec beaucoup de sensibilité. Et puis, les personnages sont un peu caricaturaux.

Pascale Ew. - - 56 ans - 24 février 2016


une quête du bonheur contemporaine 9 étoiles

Le Bonheur ? voire, une certaine recherche du bonheur, malgré tout. Il est vrai que le bonheur n’est jamais loin des personnages.
Anita, Noureddine, Simon, Nathalie nous livrent leurs sentiments, leurs problèmes. Ils ne se connaissaient pas mais les aléas de la vie vont les rapprocher. Sont-ils heureux ? Pas vraiment, mais leur humanité va les associer. Une belle leçon pour le lecteur. En s’ouvrant aux autres, on leur vient en aide, on allège leur peine et on se reconstruit.
Geneviève Damas construit son roman de façon originale. Les quatre personnages principaux agissent tout au long du roman, chacun à son tour et selon ses sentiments propres. Cela crée une diversité de style plaisant pour le lecteur, de la bourgeoisie au langage de jeune de banlieue. Une belle maîtrise d’autant plus prenante que l’action linéaire pourtant est chargée de rebondissements logiques dans la philosophie de chaque personnage.

Ddh - Mouscron - 82 ans - 12 janvier 2015