Saga parisienne 1942-2003 - l'intégrale
de Gilles Schlesser

critiqué par Lectio, le 2 juillet 2014
( - 75 ans)

La note: étoiles

Une grande fresque contemporaine

Plus de 800 pages. Un pavé comme on dit. Aucune crainte, on se glisse dans l'histoire familiale, on vibre, on savoure, on s'indigne, on s'interroge. Trois parties rythment l'ensemble : un balcon sur le Luxembourg, période 1942-1958 ; d'une rive à l'autre, période 1959-1981 ; au rendez vous de l'heure bleue, période 1981-2003. Trois générations de la famille Ormen, plutôt "bobo" dirait-on aujourd'hui. Une histoire autour de Pierre, écrivain et haut fonctionnaire à la cour des comptes et Ariane son épouse, féministe engagée et discrète. Une histoire intimement liée au monde en marche. Aucun des événements des époques traversées n'est oublié. La guerre et la libération. La désunion déjà entre Pierre le résistant et Amédé son frère, le salaud, collabo, dénonciateur, pilleur de biens des juifs déportés, violeur de sa propre soeur devenue folle après avoir accouché d'une fille, Delphine, fruit de l'inceste et recueillie et adoptée par Ariane et Pierre. Guerre d'Algérie, la fin de la rive gauche, mai 68, le bouleversement du quartier des halles, Beaubourg, les promoteurs et la métamorphose de la proche banlieue, les activistes anarchistes, la gauche au pouvoir. Dans le grand bouillonnement de notre histoire, la famille porte ses lourds secrets, ses déchirures, ses amours et ses haines, son interminable histoire d'héritage et de spoliations. Une saga captivante dans laquelle nous retrouvons parfois des bribes de notre propre histoire, des souvenirs pas si lointains. Car c'est le portrait d'une famille, de Paris et de trois époques. S'ajoute à cela le suspense digne d'un excellent roman policier, la recherche de "l'heure bleue", un Picasso volé par Amédé à une famille juive amie de son frère. Une série attirante très bien écrite et organisée. Du grand art, on ne s'en lasse pas.

Avis négatif. Pénible à lire.
Toute la panoplie des bons sentiments naïfs n'arrive pas à faire de ce livre un roman qui aurait pu être intéressant. Pire, en faisant la promotion permanente de la "bien-pensance" de gauche sur plusieurs générations (tout y passe : contraception, avortement, homosexualité, sans-papier, bourgeoisie gauche-caviar...etc.), quel message a voulu faire passer l'auteur face au désastre auquel ont conduit les contre valeurs prônées par la gauche moralisatrice ? On se le demande. Pour couronner le tout, des personnages caricaturaux qui frisent le grotesque, une intrigue brouillonne mâchée et re-mâchée... Que des clichés pour un résultat bien médiocre. Hilaire - - 44 ans - 15 août 2015

Avis mitigé. Quelques ingrédients...
N'est pas écrivain qui veut... Même si l'ensemble est laborieux, appliqué: on frôle l'inventaire systématique des tenues vestimentaires, gadgets électro ménagers, références télévisuelles d'époque histoire de bien positionner le récit... C'est tout aussi lourd côté culture, sociologie et politique et comme cela défile très vite, on apprend peu, on peut tout juste vérifier l'exactitude des clichés. Les personnages peinent à émerger : manquent la tension, une problématique psychologique qui aurait fait un roman. A défaut, le feuilleton est distrayant, on s'y laisse prendre les soirs d'été ou sur la plage des vacances... en se disant que dans deux mois on aura malheureusement ... tout oublié. Peche07 - - 67 ans - 4 août 2014