Réception de Léopold Sédar Senghor
de Nassurdine Ali Mhoumadi

critiqué par JulesRomans, le 28 juin 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Reconnaissance africaine fluctuante de l’apport du concept de négritude défini dans les années 1930
Alors que vient de sortir chez l’éditeur À dos d’âne "Léopold Sédar Senghor, le poète des paroles qui durent" qui permet à tout lecteur collégien, lycéen ou adulte de connaître l’essentiel de la vie et de l’œuvre de cette personnalité sénégalaise, est publié de façon quasi concomitante "Réception de Léopold Sédar Senghor".

L’ouvrage est sous-titré "pour une approche sociologique des littératures africaines". Dans la préface qu’il rédige lui-même, l’auteur (un universitaire comorien) explique que cet ouvrage est la réunion de trois textes (chacun d’une vingtaine de pages) qui

«ont en commun d’être des promoteurs de l’approche sociologique des littératures africaines : le premier constitue un plaidoyer de l’approche sociologique de celles-ci, le deuxième traite de la réception violente de Lépold Sédar Senghor par les marxistes africains des années post-indépendance et le troisième s’intéresse à la réception non moins violente du célèbre essayiste franco-sénégalais (Senghor bien sûr) par un (devrais-je dire le) polémiste franco-camerounais (Mongo Béti, eh oui !)». (page 9)

Les deux dernières parties conviendront au grand public et permettront de mesurer combien et pourquoi les intellectuels africains de la plus grande partie du dernier tiers du XXe siècle critiquèrent les actions de Léopold Senghor en tant que chef de gouvernement et le concept de négritude (dû à Senghor, Césaire et Damas). Nassurdine Ali Mhoumadi note que les jeunes intellectuels africains ont revisité, d’un point de vue plus favorable pour Léopold Senghor, les jugements que leurs prédécesseurs avaient émis sur ce dernier.

La première partie montre que de la même façon que l’on rejeta Senghor pour son action en faveur de la langue française en Afrique, on rejeta à une certaine époque l’idée que la critique littéraire des littératures africaines (quelque soit la langue où elles sont écrites) puissent n’être le fait que des Africains et dans une forme originale à inventer (que l’auteur désigne par le terme de "mythocritique").

Après avoir donné quelques pistes de contenu à l’approche sociologique des littératures africaines et pointer son utilité, Nassurdine Ali Mhoumadi présente l’état de la recherche en ce domaine. Les titres de textes cités permettront à tout étudiant, désirant travailler sur la réception de l’œuvre d’un écrivain africain (de préférence de langue française), de disposer d’un socle théorique et par-là de construire un questionnement autour de son sujet.