Le roi des ordures
de Jean Vautrin

critiqué par Darius, le 26 septembre 2003
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
James Bond, version clochard
D'un côté, Rafael Gutierrez Moreno, politicien corrompu parmi les autres ordures du PRI (parti révolutionnaire institutionnel mexicain); il vit dans les ordures, a bâtit sa fortune dans les ordures, respire l’odeur des ordures, se conduit comme une ordure, bref il est le symbole de l’ordure suprême.
D'autre part, Harry Whence, ancien GI au Vietnam, poursuivi pour une série de forfaits et crimes aux USA, reconverti en « privé » au Mexique, payé pour éliminer le milliardaire, devenu encombrant pour le parti.
A leurs côtés, une floppée de protagonistes, tout d'abord, la femme et la fille du roi des ordures qui haïssent toutes deux, l’une le mari, l'autre le père et qui le verraient bien à cent lieues sous terre ; la quinzaine de maîtresses du maître des lieux, installées dans un harem à sa disposition, les gosses en haillons qui sniffent la colle, qui galopent sur le tas d’ordures à la recherche de quelque trésor à vendre et qui se vendent au plus offrant. Et puis, Cabrera, le policier, amateur de prostituées, qui se verrait bien en héritier du roi des ordures.
C'est un portrait bien sombre de la société mexicaine que nous brosse ici Jean Vautrin qui obtient le prix Goncourt en 1989 pour une autre de ses œuvres.
Le début du livre est assez désarçonnant. Un style haché, enlevé, dynamique, trop moderne rend les préliminaires un peu incompréhensibles. Dès la page 23, on entre dans le vif de l’histoire et tout commence à s’éclairer. A certaines reprises, l’auteur reprend ce style décousu, mais on finit par s'y habituer.
Sur un ton cynique, sarcastique, humoristique, Jean Vautrin, nous livre des aventures rocambolesques dignes de James Bond. Sauf que notre Amerloque de service est plutôt sapé comme un clochard.
N'empêche, lorsqu'il est en difficulté ou au seuil de la mort, il lance quelques réparties dont il a le secret ou tout simplement, il a des conversations tout aussi farfelues que fictives avec son père trépassé.
Sur une série de sujets graves, la corruption, l’inceste, la prostitution, l’exploitation des enfants, la pédophilie, la drogue, l’alcoolisme, les paumés du Vietnam, Jean Vautrin nous concocte un roman noir dont l'humour n’a d’égal que son cynisme.