Sovki
de Elena Botchorichvili

critiqué par Libris québécis, le 7 juin 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Staline, un dieu ou un fou ?
Avec Sovki, Elena Botchoricvili, une Québécoise née en Géorgie, voue une haine viscérale à Staline à travers un vieux docteur géorgien, dont la famille détient, depuis trois cents ans, le secret d’un baume aphrodisiaque. Quand on veut s’enquérir de ce produit, il livre la recette afin de mourir vite. De toute façon, les répressions d’adressent autant aux supporteurs qu’aux dénigreurs du régime. La mort du dictateur en 1953 n’est pas reçue comme un soulagement. Au contraire, tous craignent que les choses n’empirent. Avec des Sovki, des vendus au despotisme soviétique, la vogue est au lynchage rapide. Le médecin a bien résumé la pensée géorgienne à l’égard de Staline. Ni Dieu ni diable. Un idiot qui a éliminé l’intelligentsia. « Et ça, c'est plus effrayant que la mort ».

L’auteure décrit comment ce climat politique s’est traduit au sein de la famille Gomarteli. Elle suit comme modèle son premier roman, Le Tiroir au papillon. Tous les membres du clan risquent de disparaître. La police ravit la grand’mère. Son fils se retrouve dans les tranchées pour combattre Hitler. La rébellion repose sur le petit-fils, Artchil, qui continuera à reproduire l’onguent miraculeux. C’est une histoire de famille bien tissée dans laquelle les femmes sont songeuses, tout en espérant que le doux vent de l’amour les emporte. Elles se doivent d’être mariées comme Faïna, le troisième roman de l’auteure, l’avait révélé. Et les hommes de compter une descendance, quitte à adopter un enfant. Malgré la distance qui sépare les sexes, chacun s’unit pour s’offrir le meilleur rempart contre les dommages collatéraux du totalitarisme, tels que décrit par Agota Kristof.

Elena Botchorichvili, qui écrit en russe, réussit le tour de force d’accrocher un pan d’histoire familiale à une dictature qui tente de la détruire. Avec concision, elle offre en fait un conte charnière de l’aventure géorgienne. Sans linéarité, elle suit le cheminement de personnages désireux de se libérer de l’emprise stalinienne, quitte à s’établir au Canada.