Match
de Grégory Panaccione

critiqué par Shelton, le 7 juin 2014
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Du tennis à la bédé et réciproquement !
Quand on prend en main cette bande dessinée, c’est est bien une, de plus au moment du week-end final de Roland Garros, on peut avoir l’impression de céder à un phénomène médiatique, d’être plongé dans une mode influencée par le grand public, les journalistes et les actions de marketing par ailleurs légitimes… Et, pourtant, la bande dessinée Match est beaucoup plus que tout cela, c’est un récit d’une grande qualité que je vous invite à découvrir avant les grandes finales que certains ne manqueront pas de regarder avant de continuer à suivre leur sport favori à Wimbledon…

Premier point fort, la taille ! Il s’agit d’un livre format des romans de poche, pas trop épais, et donc qui va tenir dans votre sac à main, votre cartable, dans votre sacoche, dans votre sac de sport… Bref, vous allez pouvoir le lire en attendant le train, durant les intercours, lors des changements de côté au tennis, à la mi-temps des matches de football…

Deuxième qualité, pas de texte ! Attention, il ne s’agit pas de dire qu’un livre sans texte est un bon livre ! Ce serait tout simplement ridicule et contraire à tout ce que j’aime, moi qui dévore des livres de toutes natures tout au long de l’année. Par contre, certains le savent depuis longtemps à force de me lire et m’écouter, j’adore les bandes dessinées muettes, celles où les auteurs sont obligés de faire des prouesses pour créer des narrations graphiques donnant aux lecteurs toutes les informations indispensables à la compréhension de l’histoire sans utiliser de textes, narratifs ou dialogues. Ici, c’est bien le cas : on comprend tout et pourtant il n’y a que du dessin ou presque…

Ou presque ? Oui, car deux ou trois fois il y a des inscriptions pour donner des informations complémentaires : le nom des joueurs, le score… Tout le reste du temps, le dessin remplace les mots : c’est fort, adroit, précis, drôle aussi…

Une partie de tennis serait drôle ? Oui, cette bande dessinée – donc cette partie de tennis puisqu’elle raconte la rencontre entre Rod Jones, l’Anglais de service, et Marcel Coste, l’immense champion français – ne raconte qu’une partie de tennis, en plus de 280 pages et plus de 2000 dessins ! Certes, cette rencontre est atypique avec un joueur français qui sort complètement des normes. Il est venu sur le cours central avec son petit chien et son poisson rouge. Enfin, on suppose que le poisson est rouge car la bande dessinée est entièrement en noir et blanc avec un style qui rappelle bien des blogs bédé d’aujourd’hui…

Marcel Coste, notre grand champion français, ressemble beaucoup plus à un rugbyman ou un judoka de la catégorie super lourd qu’à un champion de tennis. Il n’a pas la silhouette élancée et fine d’un Guy Forget ni la musculature d’un Tsonga. Par contre le look d’un bon troisième ligne comme on en avait avant la professionnalisation du rugby, oui. Marcel Coste a un rapport particulier au sport, au tennis, à l’équipement spécifique, au fairplay, qui est assez unique ! C’est le moins que l’on puisse dire.

Pour le reste, lire cette bande dessinée c’est l’assurance de passer un bon moment, de sourire et même rire, alors, ne vous privez pas, c’est bien le moment !