L'art d'écouter les battements de coeur
de Jan-Philipp Sendker

critiqué par Pascale Ew., le 3 juin 2014
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Superbe roman très asiatique
Quelle magnifique histoire d’amour, empreinte de sensibilité et de délicatesse, une histoire d’amour pur où rien ne peut séparer les amants !
Tin Win commence mal dans la vie : ses parents sont, comme la plupart des Birmans, très sensibles à la superstition, aux présages, aux malédictions et par conséquent aux conseils des astrologues. Comme l’un d’eux prédit beaucoup de malheurs autour de Tin Win, après la mort accidentelle de son mari, sa mère l’abandonne alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Une voisine prend pitié de lui alors qu’il est en train de se laisser mourir et prend soin de lui. C’est alors qu’il devient aveugle. Cette cécité le coupe du monde, mais elle correspond bien en cela à son caractère timide et renforce son attitude. Il développe alors un grand sens de l’écoute, perçoit les bruits les plus infimes, à tel point qu’il entend le cœur de chacun, même des plus petits animaux. Cela lui permet de reconnaître l’humeur des autres, leurs sentiments, leurs intentions.
Sa fille écoute ce récit de la vie de son père qu’elle ignorait alors qu’elle est à la recherche de ce père qui a disparu du jour au lendemain sans rien dire quatre ans auparavant.
Ce roman respire la poésie, la magie et ressemble à un conte. L’amour qui y est décrit dépasse l’éloignement, l’empêchement de communiquer et ne faiblit pas avec le temps, bref un amour qu’on ne rencontre que dans les livres.
trop c'est beaucoup 4 étoiles

Nous voici en Birmanie vers la fin de l'empire colonial britannique.
Tin Win orphelin et aveugle parvient à multiplier ses sens : le toucher, l'ouïe, l'odeur, la chaleur ou le froid... il parvient à goûter à une vie si intense qu'elle en devient douloureuse.
Il rencontre Mi-mi, une jeune fille privée de ses membres inférieurs difformes de naissance qui l'empêchent de se mouvoir autrement qu'à quatre pattes.
Yin Win et Mi-mi se découvrent une attirance mutuelle mais la vie en décide autrement, la culture et le poids des traditions donnent des ordres particuliers qu'il faut suivre.
Une génération plus tard, d'un autre continent une jeune femme tente de retrouver ses racines.

Encensé par la critique, ce livre n'est pas parvenu à m'émouvoir. Je pense que le trop est parfois beaucoup et qu'ici l'auteur a cherché à plaire.
Bon... ce n'est qu'un avis, peut-être qu'avec le temps je deviens un vieux gribou insensible ?
Va savoir !

Monocle - tournai - 64 ans - 14 novembre 2017


Tout en finesse 9 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce joli conte, et la réflexion autour du handicap qui s'en dégage. Les deux personnages principaux m'ont fait penser à Tristan et Iseult, avec leur destin hors du commun et leur amour indestructible.
C'est une histoire sans fioriture, simple mais intense. Une belle découverte!

Flo29 - - 52 ans - 28 août 2016


L'art de me surprendre 9 étoiles

Encore un roman que je n’aurais pas choisi par moi-même ! Le titre et la couverture « Feel good » ne m’auraient pas du tout attiré voire rebuté. Débordant de préjugés, je suis donc entré avec une certaine retenue dans la lecture. Au premier abord, le style m’a beaucoup plu, mais le récit prenait bien l’orientation mystique que j’imaginais. Les protagonistes qui inspirent la compassion, un environnement empreint de spiritualité, tout semblait réuni pour valider mes craintes.
Puis, au fil des pages, un peu comme un enchantement, j’ai été emporté par l’histoire d’amour de ces deux êtres hors du commun. Je suis tombé en admiration devant ces personnages atypiques qui sont débordants de bonté, de pudeur, sans une once de malhonnêteté. Dans un monde où la différence est montrée du doigt, leurs handicaps physiques bouleversent les situations et transcendent les sentiments. De par leur fragilité apparente, les émotions semblent alors décuplées et m’ont littéralement pris au cœur.
Sans faire de misérabilisme, Jan-Philipp Sendker nous expose à un grand moment de romantisme contrarié par le difficile tourbillon de la vie. Quand le destin s’en mêle, ça rend les histoires plus tragiques et l’amour encore plus puissant. Je n’apprécie généralement les romances que lorsqu’elles sont dures et poignantes et j’ai été servi.
Participer à un jury de lecteurs m’aura permis de faire des découvertes dont « L’art d’écouter les battements… » est une des plus touchantes.

Killing79 - Chamalieres - 45 ans - 2 août 2015