Portraits
de Dezső Kosztolányi

critiqué par Lectio, le 1 juin 2014
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Une ingénieuse chronique
Une sage femme, un soldat, un barbier, un boulanger, un menuisier, un éboueur, un receveur de tram, un fossoyeur et aussi un prêtre, une Française, une élégante, un Tzigane.. soit un peu plus d'une trentaine de portraits réalisés en Hongrie à la fin des années 1920. A première vue vous pensez à un travail journalistique, une série décrivant le métier et le quotidien de celles et ceux que l'on croise à l'époque. Dezso Kosztolanyi, écrivain remarquable, nous entraîne au delà de la plume d'un journaliste. Voici un travail d'orfèvre tout en finesse et en précision, fruit d'un maître du mot. Les courts dialogues servent la curiosité de l'auteur, la sympathie éprouvée pour ses interlocuteurs. A l'opposé du naturalisme à la Zola, Kosztolanyi sublime les portraits avec ses mots choisis et ses phrases travaillées. Des réponses banales, rugueuses ou approximatives de ses rencontres, le peintre des âmes et des vies dresse une oeuvre fine, pleine d'humour subtil et léger. Une lecture instructive doublée d'une oeuvre littéraire et poétique. Peu connu en France soulignons que Dezso Kosztolany (1885-1936) est un auteur majeur de la littérature hongroise. Les notes très lisibles de la fin du livre nous permettent de comprendre des références et particularismes hongrois de l'époque. La postface de Csaba Bathori nous initie à la méthode de travail de ce grand auteur.