Trois maîtres : Balzac, Dickens, Dostoïevski
de Stefan Zweig

critiqué par Béatrice, le 20 septembre 2003
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Exercices d'admiration
Séduisant choix : Balzac, Dickens et Dostoïevski. Mais j'ai été déçue par
l'approche trop intuitive, chargée d’affect, manquant de rigueur. La méthode, l'analyse, les arguments - voilà des éléments qu’on cherche en vain dans ces trois essais. Cependant, le verbiage répétitif alterne avec des formules inspirées qui vont à l’essentiel.
Les héros de Balzac « ont l’ambition de conquérir le monde » comme Napoléon. Chaque figure est « un vouloir vivre pétrifié, un caractère fondu dans le bronze ». Les personnages de Dickens ne veulent pas la richesse, mais une « médiocrité confortable, sage maxime de vie pour le boutiquier ou le roulier ». En lisant Dickens, dit Zweig, nous trouvons « intéressant et presque digne d'amour ce monde antipathique du rassasiement et de l'embonpoint ». Le maître absolu est Dostoïevski, génie flamboyant que « l’excès de ses forces entraîne (...) vers des zones nouvelles du coeur et de l’esprit ». Sans artistes comme lui, « l'humanité serait sa propre prisonnière et son développement un labyrinthe ».
Portraits inégaux d'écrivains illustres 7 étoiles

Si Dostoïevski est bien décrit et analysé, c'est moins le cas de Balzac et Dickens, dont les portraits apparaissent assez légers, face à celui de l'auteur, en effet attiré par la description des passions, la psychologie, les inspirations nationales et divines.
J'avoue avoir davantage attendu de cette trilogie, au regard des magnifiques biographies historiques dont Stefan Zweig s'est fait l'auteur. Il donne de bonnes grilles de lecture pour le Français et le Britannique, davantage pour le Russe, dont la vie, ses travers et ses souffrances sont retracés.
J'attendais une analyse des bibliographies respectives, ce qui est un peu fait pour Dostoïevski, quasiment pas pour les deux autres, dont l'oeuvre est pourtant foisonnante.

J'y ai appris des choses, et ne renie pas un certain plaisir à cette lecture, qui donne les sources d'inspiration d'un écrivain que j'aime bien, mais je reste quelque peu sur ma faim, ce qui est bien la première fois chez lui.

Veneziano - Paris - 47 ans - 26 février 2012