Ça va aller
de Catherine Mavrikakis

critiqué par Libris québécis, le 18 mai 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Haro sur le Québec !
Quelle couleur le Québec devrait-il endosser pour satisfaire les aspirations de chacun ? Comme les Québécois de souche ne se divisent pas en camps tranchés, ils verront souvent le sablier se retourner avant d’entrevoir l’ombre d’une réponse. La démocratie protège la population de l’idéologie des groupuscules pressés sans qu’elle perde de vue ses objectifs, à savoir, en autres, sa résistance à l’assimilation. Comme écrivait Jean de Lafontaine, « Patience et longueur de temps font plus que rage et que force. » Catherine Mavrikakis a fait fi de ce conseil en écrivant Ça va aller, un roman aux allures pamphlétaires.

Révoltée du fait que le Québec n’évolue pas assez vite, l’auteure dénonce tous ceux qui privilégient l’option d’une « révolution tranquille ». Cette Québécoise souverainiste née à Chicago adore la terre d’adoption que ses parents ont choisie. Mais pour appeler des changements, elle se comporte comme une mère qui traiterait son enfant de « pas fin » quand il agit mal. Elle écrit qu’ « on ne peut qu'haïr le Québec, le détester pour sa petitesse, ses ratages, sa morosité, sa frilosité face à tout engagement, sa lâcheté... » Cette manière n’est pas la meilleure solution pour fouetter les troupes. Au contraire, elle est plutôt incendiaire comme on peut le constater en consultant le site de l’écrivain Claude Jasmin.

On sent que, sous le coup des frustrations, Catherine Mavrikakis n’a pas laissé macérer son roman assez longtemps. Elle sert quelques vérités consensuelles sans incorporer son huile de foie de morue dans un jus d’orange. Même l’Elvis Gratton du cinéaste Pierre Falardeau admet la convergence qui impose les mêmes artisans de la culture. La hargne, à l’instar de ce dernier, est-elle garante d’une transformation, aussi souhaitable soit-elle ?

Le message passe à travers une intertextualité, en occurrence les œuvres d’Hubert Aquin et de Réjean Ducharme, deux auteurs qui auraient pu être des chefs de file si le suicide ou l’anonymat puéril ne les avaient pas disqualifiés pour tenir ce rôle. Mais la plus grande carence de ce roman vient du mutisme sur les aboutissants du projet politique de l'auteure. L'écriture très masculine ne pare pas les lacunes. La mère de l'héroïne est peut-être « une hostie de chienne », mais la vulgarité ne la rendra pas plus méprisable.