Clandestin
de Éliette Abécassis

critiqué par Jules, le 6 septembre 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Bien écrit, mais on frise souvent le cliché
« Quelques passagers sont descendus. Ils lui ont jeté des regards furtifs. Dans leurs yeux, il voyait qu’il était différent. »
Le titre et la seconde phrase du roman nous donnent rapidement une idée sur ce que sera le sujet du livre. « L’enfer c’est les autres » ?. Un peu, oui, un des aspects tout au moins.
Ce livre a trois narrateurs, un homme, une femme et l’auteur. Il va, en entier, se passer dans un train et sur un quai de gare.
La femme nous sera présentée dès la seconde page : « Pourquoi est-on attiré par un visage ? Pourquoi ses yeux se fixaient-ils sur cette femme en particulier ? » Un peu plus loin il constate : « Il a une envie de la toucher, de poser ses mains sur elle, sur les épaules, sur son corps, d’avoir un contact avec elle. »
Quel homme n’a pas connu un moment comme celui-là ? Cela arrive surtout dans des lieux publics, là où il y a du monde. Des yeux, un sourire, une expression, une façon de bouger, un habillement, une élégance naturelle vous attire et il devient soudain difficile de détacher le regard de cet être. L'envie de créer une complicité, à l’intérieur de la foule, vous gagne. Notre héros ne vivra donc plus que dans l'espoir de pouvoir parler à cette femme, de la connaître.
Oui, il est réfugié clandestin et bourlingue d’un pays à l’autre de la communauté, il fuit les polices, faute de papiers en règles. Bien vite nous devinons, ou supposons, qu'il a subit l’expulsion de Sandgate.
Mais, là où le hasard lui joue un tour, c’est que la femme qui l'obsède est l’assistante des autorités qui en ont donné l’ordre. C'est de là qu’elle rentre pour retrouver ses hautes fonctions dans la hiérarchie de l’Etat. Elle est ambitieuse et n'a monté les échelons qu'à force de volonté.
Eliette Abécassis va nous faire vivre les pensées de ces deux êtres que tout sépare.
Le roman est court, mais il ne demande pas d'être plus long. La solitude et la précarité de la vie du clandestin sont très bien décrites, ainsi que l’écart entre sa vie et celles des autres. L'évolution des pensées de la femme est également étudiée, mais elle me semble un peu moins crédible.
J’ai cependant trouvé qu'à plusieurs moments l'auteur frise le cliché. Un peu avant la fin, c’est à peine si je n’ai pas revu Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant sur le quai de la gare dans « Un homme, une femme » de Lelouch !.
Il n’empêche qu'Eliette Abécassis écrit très bien et que j’ai été pris par la volonté de connaître la fin.
Mais, comme pour son dernier livre, il n’aurait pas fallu qu’il ait trente pages de plus !…
Quant à la fin, il fallait bien en trouver une et elle vaut ce qu’elle vaut… A chacun de s'en faire une opinion.
Un bon petit livre, mais quand la littérature française nous apportera-t-elle un auteur qui aurait véritablement du souffle ?.

Pas le bon moment 6 étoiles

Je crois que je lis tous les bouquins qu'écrit Eliette Abécassis et j'aime me faire mal je crois.
Ce petit roman est bijou rien que pour son écriture. Nous avons une description magnifique de 2 personnages que tout séparent mais qui s'attirent.
Ils se rencontrent à la croisée des chemins, se posent et réfléchissent à leur vie, leur devenir. Mais l'attirance est là, plus forte que tout mais la vie et le destin de chacun les rattrappe.
Malheureusement je trouve que la fin est assez nulle. Je rejoins d'ailleurs l'idée de Nirvana qui pense que l'auteur ne savait plus quoi faire de ses personnages.
Bref, j'ai passé un bon moment mais sans plus.

Mallaig - Montigny les Cormeilles - 47 ans - 15 février 2006


Très vite lu, ce sera très vite oublié... 4 étoiles

Autant j'ai apprécié la description de l'attirance entre l'homme et la femme au tout début du roman, appréciant l'idée de voir relatées les pensées et impressions de l'un et l'autre, autant mon avis vous rejoint quant au nombre de clichés dans ce récit. J'ai trouvé les personnages fades et prévisibles, même si certains passages sont très bien écrits (plus quand elle parle d'objets que de sentiments, selon moi), la fin se veut tragique et ne pas émue le moins du monde. J'ai eu l'impression que l'auteur se débarassait de ses personnages parce qu'elle ne savait plus quoi en faire.

Nirvana - Bruxelles - 51 ans - 21 septembre 2004


Déception... 5 étoiles

J'ai été très déçue en lisant Clandestin. Comme le précise Jules, ce roman est façonné de clichés qui ont rendu la lecture un peu pénible et agaçante. J'avais envie de m'écrier tellement je trouvais qu'on dépeignait une situation totalement irréaliste. Peu crédible. Un homme et une femme se rencontrent dans un train et c'est le début d'une relation fantasmagorique. L'homme est un clandestin, la femme est responsable du dossier des clandestins... bref un couple impossible !.. Je me suis ennuyée. Heureusement c'était un roman très court, donc suffisament incisif pour ne pas tomber dans le mélo à force de longueurs...
Je note, en corrigeant gentiment Jules, que la localité s'appelle "Sangatte" en réalité (non pas Sandgate). Sans rancune ! Car je respecte beaucoup vos remarquables commentaires.

Clarabel - - 47 ans - 1 mars 2004