Constantin le Grand
de Pierre Maraval

critiqué par Colen8, le 25 octobre 2020
( - 83 ans)


La note:  étoiles
Personnalité contrastée
La révolution religieuse intervenue durant ce siècle de l’Antiquité tardive changera durablement le monde occidental. En début de période la Gaule était romanisée, le sud de l’Angleterre dominé jusqu’au mur d’Hadrien de même que la péninsule ibérique, les chrétiens à nouveau persécutés par Dioclétien (303). Sur la rive droite du Rhin, les barbares ennemis, les Francs à son embouchure, les Alamans plus au sud étaient combattus à défaut d’être conquis et incorporés à ce vaste Empire englobant tout le bassin méditerranéen. Le pouvoir était entre les mains d’une tétrarchie contrôlée par le Sénat : deux Auguste reconnus comme empereurs se partageant l’Occident et l’Orient épaulés chacun d’un César investi du pouvoir impérial.
Né de la concubine Hélène en Serbie Constantin est le fils de Constance Chlore militaire monté en grade bientôt promu César de la Gaule et des territoires associés par l’empereur Galère siégeant à Nicomédie sur la rive asiatique du Bosphore. Elevé comme otage à la cour de cet empereur Constantin parvient à rejoindre son père établi à Trèves l’une des capitales impériales dans l’ouest de l’Allemagne auquel il succède avec l’appui de ses troupes dont il tire sa légitimité (306). Quelques années plus tard il défait son rival Maxence et prend possession de Rome avec les honneurs après la victoire du pont Milvius (312) qu’il attribue selon la légende à une foi chrétienne, laquelle sera consacrée par le baptême seulement à la veille de sa mort (337).
La grandeur de Constantin se mesure à une ambition sans fin qui le mènera jusqu’à défaire Licinius successeur de Galère et réunifier l’empire sous une unique autorité (324). Elle apparait dans la durée de son règne, dans ses qualités de stratège et de combattant aux multiples victoires, dans ses réformes administratives et juridiques, dans sa tolérance aux cultes restés païens. Sa relative mansuétude envers ses ennemis de l’intérieur et les peuples vaincus n’épargnera pas ses rivaux ni leurs familles, pas davantage son fils ainé accusé de complot. Son choix de transformer la modeste cité de Byzance en Constantinople, d’en faire une capitale aux splendeurs de renommée mondiale témoigne de son rôle de bâtisseur et de son goût pour les arts et la culture.
L’historien s’est appuyé d’abord sur les sources contemporaines de l’Empereur, en particulier la « Vie de Constantin » de l’évêque Eusèbe de Césarée, sur des correspondances parvenues jusqu’à nous, sur les innombrables émissions de monnaies et de médailles relatant tel ou tel événement. Il délivre un récit dense et détaillé pouvant paraître ardu à certains passages. Pour quelques détracteurs, le Grand Constantin sera perçu comme le fossoyeur anticipé de la civilisation romaine : en privilégiant l’Orient, par conséquent en abandonnant Rome à l’autorité longtemps temporelle de l’Eglise Catholique.