Spider
de Patrick McGrath

critiqué par Nothingman, le 4 septembre 2003
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Patiemment, l'araignée retisse sa toile...
Vingt ans après l'avoir quitté, Dennis Cleg revient dans son East End natal, un quartier populaire de Londres dominé par l'étrange architecture de l'usine à gaz. Il emménage dans une pension de famille, à l'univers glacé et lugubre, tenue par la forte et sèche Mrs Wilkinson. Dennis va alors tenter, au travers d'un petit journal de fortune, de restituer son passé, de retisser la toile brisée de sa vie. Mais ils sont bien étranges les souvenirs de Dennis! Malgré ces pensées oppressantes, il réarpente les sombres ruelles de son passé, les troubles méandres de son enfance.
Entre un père un peu trop habitué aux "pubs" locaux, une mère douce et aimante soucieuse de sa personne, une belle-mère atroce, Spider tente de comprendre où a bien pu s'opérer le basculement. Au fur et à mesure qu'il progresse dans sa "catharsis", ses pensées se font plus obscures et l'insoutenable vérité apparait, nous glacant d'effroi. Patrick McGrath tente avec ce roman une plongée dans l'univers schizophrénique d'un homme pour qui réalité et souvenirs propres fusionnent à foison. Ce roman, c'est la quête touchante d'un homme, piégé par la souffrance mentale et qui tente de comprendre son passé meurtri. Telles ces araignées qui leurs toiles brisées la retissent patiemment.
Je ne peux que conseiller aussi la vision du film de David Cronenberg avec Ralph Fiennes, qui restitue au mieux l'ambiance oppressante de la descente aux enfers de cet homme décidemment bien étrange.
vivre dans un cauchemard 9 étoiles

De retour après vingt ans d'absence dans le quartier de son enfance, vivant maintenant dans une étrange et sordide pension de famille, Dennis Clegg -"Spider"- entreprend d'écrire un journal ,où il essaie de mettre à plat sa triste enfance entre un père alcoolique, une mère chérie et protectrice disparue mystérieusement et remplacée par une horrible marâtre .
Entre hallucinations visuelles et olfactives, il se débat dans la toile de ses souvenirs qui l'amèneront à réaliser l'horrible vérité de son passé.
Une vision sans complaisance et terriblement douloureuse d'un homme partagé entre ses deux identités, qui prend conscience de sa terrible maladie.
Comme il le dit lui-même "Etre éveillé c'est souffrir.;voila le sens profond de la vie."
Je vous livre ici un aperçu de l'horreur qui l'habite:
(...)"Un de mes poumons a disparu.Il y a également un ver dans l'autre, mais heureusement je peux encore fumer. Un tuyau unique et mince recueille l'eau de mon estomac, aplati contre ma cage thoracique, plonge dans le vide et rejoint cette chose entre mes jambes qui ne ressmble plus guère à un organe masculin formé. Il y a des matières qui pourrissent à l'intérieur de mon corps, les débris d'organes dont je n'ai plus besoin.L'odeur de cette décomposition passe à travers les pores de ma peau. Ma peau!Cette enveloppe, cette coquille, cette EPLUCHURE! (...)"

Nirvana - Bruxelles - 52 ans - 23 juin 2004