La nuit des infirmières psychédéliques
de Sylvain Meunier

critiqué par Libris québécis, le 26 avril 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Un Orphée de Longueuil
À cause des nombreux souterrains de Montréal, une organisation diabolique y a installé ses pénates pour assurer sa suprématie sur la ville. Elle est déjà à l’œuvre dans un hôpital du quartier Ville La Salle. Hospitalisé, Gilles Meunier, le père de l’auteur, est la proie des infirmières malveillantes de cet hôpital plutôt inhospitalier.

À l’instar d’Orphée désireux de libérer sa femme Eurydice de l’enfer, Sylvain Meunier accourt au chevet de son géniteur pour qu’il échappe aux griffes de ces démones. Ce résident de Longueuil situé devant l’île de Montréal, devient le Claudio Monteverdi en adaptant Orfeo à la littérature. Il veut débusquer les suppôts de Satan, le « coro di spiriti infernali ». Ne s’attaque pas à ce chœur infernal sans y laisser des plumes, qui s’ajoutent à celles des anges déchus. Le combat s’annonce perdu. Au volant de sa Prius, l’auteur échappe à la poursuite d’un Hammer conduit par une âme damnée, mais il risque de rendre l’âme dans le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine qui traverse le fleuve Saint-Laurent.

Le roman enrichit le créneau du fantastique avec les horreurs de l’enfer, qui réduisent les humains en cloportes. Mais ne sommes-nous pas notre propre enfer, contrairement à ce qu’a écrit Jean-Paul Sartre ? C’est ce que révélera le dénouement. Avec cette œuvre sans prétention, l’auteur veut tout simplement amuser son lectorat. Il en a profité pour y ajouter quelques éléments de sa culture et de la culture d’autrui qu’il condamne sans ménagements. Pauvres amateurs de golf et de sexe ! Quelques allusions juteuses feront certes « éjaculer un clou » (sic).

Il faut délaisser ses grilles d’analyse pour apprécier cette oeuvre. Le plaisir de lire s’accroîtra en se laissant porter par le courant qui conduit au mot « Fin », écrit après chacune des péripéties.