Passe-passe
de Delphine Cuveele, Dawid (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 23 avril 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Le papillon comme la grand-mère décédée fréquente les cieux
Voilà une BD muette qui permet d’aborder la question de la mort d’un grand-parent. Au milieu d’un paysage de basse montagne, qui pourrait faire penser aux alentours des monts de la Marche (dans la région du Limousin) un enfant est sur un banc avec sa grand-mère.

Au fur et à mesure qu’ensemble, ils accomplissent diverses activités, parfois en vélo, la grand-mère perd plus on moins de ses couleurs. Se rappelant peut-être le proverbe chinois : « le poisson pourrit par la tête », c’est le visage qui devient gris en premier (comme le reste de sa peau qu’on entrevoit sous les vêtements), puis sa jupe, son gilet… En parallèle, un papillon qui suit les deux personnages prend progressivement les couleurs que perd la personne âgée. La grand-mère devient silhouette avant de disparaître définitivement. L’enfant est alors sur le même banc qu’au début du récit mais cette fois plus à côté de sa grand-mère, mais à côté d’un papillon. Nul doute que chaque fois qu’il verra un papillon, il pensera à sa grand-mère.

Avec des décors faits de couleurs chaudes et représentatifs d’une époque renvoyant à la fin des Trente Glorieuses (anciennes bornes kilométriques, frigidaire massif, tourne-disque, arrière d’une deux chevaux grise aperçu dans un garage) le graphisme, porteur de la tendresse mutuelle, se centre sur les deux personnages principaux. Vraisemblablement un des meilleurs récits pour parler de la mort d’un adulte cher à un enfant.