Passager clandestin
de Michael Foreman

critiqué par JulesRomans, le 4 mai 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Un des très rares prisonniers turcs que les Anglais firent lors de la dramatique affaire des Dardanelles
Le récit démarre en 1950 lorsque Trev est un jeune journaliste qui n’est autorisé à écrire que sur des sujets qui ne sont pas jugés assez nobles pour les autres. Un jour il est chargé de rencontrer un homme Henry qui possède une tortue surnommée Ali Pacha. Henry a travaillé sur des bateaux de marine marchande de 13 à 20 ans et en août 1913 il s’engage dans la Royal Navy.

Au chapitre 3 nous sommes plongés, fin avril 1915, dans l’enfer de la bataille des Dardanelles. Son bateau L’Implacable débarque près de Gallipoli en Turquie européenne. Au cours d’un moment où Henry est à terre, sous le feu de l’artillerie turque, il rencontre dans un trou d’obus une tortue. Devenue sa mascotte, Henry arrive à cacher sur le bateau sa tortue. Avec elle, il part en Égypte. Un an plus tard il rentre en Angleterre où il confie la tortue à ses parents.

Trois pages documentaires nous apprennent qu’en 1968 puis en 1986 qu’Ali Pacha eût les honneurs des médias nationaux et internationaux. Alors qu’Henry décède en 1977, la tortue (tombée sous la responsabilité du fils du marin) survit jusque en 1987 et décède à environ 100 ans (voir http://apnewsarchive.com/1987/… et http://news.google.com/newspapers/…).

Dans l’ouvrage d’histoire pour adultes, que nous avons présenté récemment "Mémoires de la Grande Guerre 1911-1915", son auteur Winston Churchill nous en dit un peu plus sur les conditions de décision et d’échec de l’Expédition des Dardanelles où d’ailleurs beaucoup de troupes coloniales françaises furent engagées.

Les illustrations proposent des pages du carnet d’Henry et des reconstitutions de scènes ; on note pages 48-49 une très illustration autour du débarquement dans les Dardanelles. Techniquement on a une impression d’aquarelle et les images portent des informations propres. On relève le dessin d’Henry page 73 qui représente l’Italie (à la forme de botte) qui donne un coup de pied au kaiser.

On se demande bien souvent pourquoi les éditeurs nous mettent des cartes illisibles dans le sens de la largeur quand les mettre dans le sens de la longueur permettrait d’en saisir le contenu. C’est le cas à la page 80, cela a au moins l’avantage de masquer que la carte en question présente des frontières qui ne sont déjà plus valables en 1912. Ce genre d’erreurs est aussi malheureusement assez fréquent en littérature de jeunesse où on a peu de chances qu’un critique littéraire pointe votre absence de rigueur en matière historique.