Pat'apouf détective, Tome 9 : Pat'apouf en Amazonie
de Gervy

critiqué par JulesRomans, le 30 mai 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Au pays de l'Amazone, Pat’Apouf navigue entre deux eaux
Né à Blaye (en Gironde) en 1908 et mort à Périgueux en 1998, Gervy suivit les Beaux-Arts à Bordeaux. Il devint dessinateur en 1926 dans "Le Combat périgourdin" et s’oriente petit à petit vers la presse enfantine. De 1938 à 1990 "Le Pèlerin" et "Le Foyer" (durant l’Occupation) publient la série Pat’Apouf, l’une des bandes dessinées hebdomadaires francophones à avoir eu des plus longues carrières. Gervy semble s’être inspiré pour le physique de son personnage sur Jiggs du comic strip "La Famille Illico" ("Bringing Up Father"). Très lue dans l’après-guerre, cette BD, très bien adaptée aux 8-11 ans, prend un côté plus humoristique avec l’apparition en octobre 1956 de Jacky un jeune orphelin qui vient seconder le détective Pat’Apouf dans ses enquêtes.

Mis-à-part quelques albums, comme Pat’Apouf au village qui se déroule en Dordogne, les aventures amènent les héros à parcourir une bonne partie du globe. Si l’espace colonial français finissant est fort présent, les combats contre des espions russes portent Pat’Apouf dans des pays imaginaires. Les éditions du Triomphe viennent de rééditer ce neuvième album Pat’apouf en Amazonie. Cet épisode date du milieu des années cinquante et nous conduit en Amérique du sud (Colombie, Brésil et Uruguay). Le héros parcourt l’espace par divers moyens de locomotion dans cette aventure. Dans un style graphique élégant le lecteur rentre progressivement dans une intrigue policière puis celle-ci résolue dans une seconde.

Il y aura encore deux histoires "Pat’Apouf et le vol des bijoux" et "Pat’Apouf au Far West", avant que Jacky le jeune orphelin coréen soit découvert en tant que passager clandestin par le héros et adopté par lui. Elles doivent être publiées en album par les éditions du Triomphe respectivement en 2015 et 2016. On est surpris par les tonalités politiquement incorrectes du récit, si cette bande n’était pas parue dans un journal catholique pour adulte, elle aurait subi maintes récriminations par la commission de contrôle des publications pour la jeunesse. La violence est explicite comme cet indien allongé sur le ventre, avec un couteau dans le dos et du sang autour de la plaie.

Dans cette aventure très contextualisée, les indiens d’Amazonie ont des aspects peu valorisants, les mauvais sauvages deviennent bons grâce à l'action du héros, Pat'Apouf n’hésite pas à sacrifier un oiseau pour monter un pont de corde sommaire, des indiens encore sauvages déciment les expéditions d'étrangers, un ouvrier des mines reçoit le fouet, l'anaconda fait 15 mètres et côtoie un hippopotame…

Le festival d’Angoulême est propriétaire d’une exposition sur le détective Pat’Apouf. Composé de quinze panneaux, l’ensemble évoque pour première moitié Gervy ainsi que l’ensemble de son œuvre et en seconde partie la série Pat’Apouf. Un des huit panneaux de cette partie est consacré aux trois dessinateurs qui ont poursuivi après Gervy de 1973 à 1990 cette bande dessinée. Tous les documents sont de très bonnes photocopies en couleur en particulier des pages de BD. Le contenu de cette exposition est dû à Dominique Petitfaux, historien reconnu de la BD, ce dernier commente tous les albums des aventures de Pat’apouf republiés par Triomphe.