Les chemins du Nord, tome 1 : la tuque et le béret
de Louis Caron

critiqué par Libris québécis, le 23 août 2003
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Les Bûcherons du Québec
Louis Caron a consacré une trilogie à l'exploitation de la forêt de la Mauricie, région à mi-chemin entre Québec et Montréal. On y apprend ce qu'est la vie de bûcherons à partir de 1900. C'est en quelque sorte des romans historiques sur le développement économique du Québec. Le bois est une ressource importante de chez nous. D'ailleurs, au 19e siècle, nous étions les plus grands constructeurs de bateaux au monde à cause de la matière première, dont nous jouissions en abondance.
Louis Caron retrace l'histoire de ceux qui ont coupé les arbres à leurs risques et périls. C'était une vie qui ressemblait à celle des moines. Isolés des leurs dans la forêt pendant les longs mois de l'hiver, logés dans des camps dépourvus d'installations sanitaires, mal nourris, ils exerçaient un métier dangereux, surtout pendant la «drave» alors qu'ils couraient sur les billes de bois jetées sur la rivière St-Maurice, dont le courant les emportait vers une papetière de Trois-Rivières. Ils ne revoyaient leur famille qu'à Pâques, si le calendrier liturgique ne fixait pas ce jour au mois de mars.
Ce travail était commandé par les détenteurs du pouvoir économique, mais aussi par des visionnaires comme le curé Labelle (sous-ministre de l'agriculture), qui voulaient rendre agricole l'ensemble de la province. Le rêve de la colonisation (lisez du développement) du Québec passait donc par l'abattage des pans entiers de forêt pour attirer des fermiers sur tout le territoire. Ce noble but compte un revers à la médaille : la déforestation.
Mais ce n'est pas le propos de ce roman.
Ce désir de soumettre la forêt à l'agriculture et à la production du papier amena en Mauricie des ambitieux comme Félix Métivier. Dans ce premier tome de la trilogie ressortent aussi des liens d'amitié comme ceux noués entre le héros (la Tuque du titre : bonnet de laine) et un peintre français (le Béret), venu au Québec pour tremper son âme dans la sauvagerie des grands espaces boisés. Le rêve de la cabane au Canada !
Ce roman décrit un monde dur et sans pardon. Mais derrière cette façade peu invitante se cachent quand même des êtres attachants que l'auteur présente en respectant le langage qui les identifie. Les dialogues risquent de poser des «cibouères» de problèmes (des gros problèmes) au lectorat européen.