Pélagie la charrette
de Antonine Maillet

critiqué par Fabrice, le 6 avril 2014
( - 39 ans)


La note:  étoiles
Moïse en Acadie
J'ai beaucoup aimé ce roman écrit en français, récompensé du prix Goncourt et qui fait la part belle au parler acadien.
Il raconte l'histoire d'une acadienne, Pélagie Bourg dite Pélagie-la-Charrette, victime comme les autres français d'Acadie (aujourd'hui, Nouvelle-Ecosse, Nouveau-Brunswick) du "Grand dérangement", c'est-à-dire la déportation hors d'Acadie des colons français par l'occupant anglais en 1775.
Après des années d'exil aux Etats-Unis, équipée de quelques boeufs et d'une charrette, elle entreprend de retourner vivre avec les siens sur sa terre chérie. La voilà partie pour les Etats-Unis avec ses enfants, le vieux Bélonie, la sauvage Catoune, la guérisseuse Célina... Son voyage durera des années, et elle sera bientôt rejointe par de nombreuses autres familles dispersées qui constituent une véritable procession de charrettes en direction de l'Acadie. On traverse Charleston, Baltimore, Philadelphie, Salem...
Les difficultés sont nombreuses ; la mort, la maladie n'épargnent pas nos migrants, comme parfois la division ou la tentation du désespoir. Mais la foi chevillée au corps, Pélagie mènera tout le monde à bon port. Il y a chez elle la foi de Moïse faisant sortir les juifs d'Egypte.
J'ai aimé l'écriture fluide, la drôlerie du langage québécois, le caractère bien trempé des personnages (Célina et Bélonie surtout). Bref, je recommande !
Aïe aïe aïe... 4 étoiles

Je risque de mécontenter, de décevoir, d'énerver quelques uns, mais croyez-moi, j'en suis désolé. J'avais entendu parler de ce livre en si bien, en si positif, que je l'ai commencé avec plaisir, m'attendant à un vrai bon et grand moment de lecture (même au verso de l'édition semi-poche "cahiers rouges" de l'éditeur Grasset on en parle comme d'un chef d'oeuvre !).
Heureusement que ce roman ne fait que 300 pages. S'il en avait fait le double, j'aurais abandonné ma lecture en cours de route, chose que je ne fais jamais. Mais j'en ai vraiment souffert pour le finir, moi qui peut lire en une journée un livre aussi court, j'ai mis quatre jours à le finir, péniblement.
C'est à la fois l'écriture et l'histoire. L'écriture, parce qu'écrit en français acadien (l'auteure est acadienne, canadienne en tout cas, donc c'est normal), ce qui rend la lecture assez difficile, et en tout cas, je n'ai pas réussi à m'y habituer. Et ce gros problème de lecture m'a tout simplement empêché de m'intéresser à cette histoire d'ancienne expatriée acadienne raflée contre son gré dans les colonies anglaises d'Amérique et qui, 10 ans après sa libération, retourne chez elle, en charrette, avec les siens et d'autres expat'.
J'aurais tant aimé aimer ce roman... Un des rares Goncourt (ici, en 1979) qui ne m'ont pas plu du tout, pour le moment, avec le cru 2002 et le cru 43.
Je donne 2 étoiles quand même, c'est le week-end après tout, les gens sont détendus, moi aussi, mais si j'avais fait la critique ne serait-ce que jeudi, il aurait récolté une étoile de moins.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 14 août 2021


La traversée de la mer américaine 10 étoiles

Pour attacher mon commentaire à celui de Fabrice, j'ai ajusté mon titre au sien. Depuis longtemps, je voulais commenter ce roman de la littérature canadienne française. L'auteure n'est pas une Québécoise. C'est une Acadienne née au Nouveau-Brunswick, province longeant l'Atlantique au sud de la Gaspésie.

Récipiendaire du Goncourt 1979, Antonine Maillet a largement mérité son prix avec ce chef d'oeuvre qui raconte le retour des Acadiens au Canada déportés en 1755 et non en 1775 comme l'a écrit Fabrice. Il était périlleux de raconter ce long voyage de la Louisiane au Canada. L'ennui pouvait s'inviter au périple. Mais le grand souffle du roman a su éviter cet écueil. C'est une oeuvre puissante qui visite du même coup la vie des Anglais qui composent aujourd'hui la population des États-Unis d'Amérique. La vente des esclaves dans un marché de Philadelphie est un passage fort des moeurs de l'époque. Pélagie en a même profité pour acheter l'une des siennes enlevée en cours de route.

Il y a cependant un défi pour le lecteur. L'auteure recourt à la langue française telle que parlée par les Acadiens. Même pour un Québécois, il faut faire un effort pour suivre les péripéties d'un peuple déraciné de leur terre. La Sagouine reste cependant la meilleure oeuvre de l'auteure.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 7 avril 2014