Méchants Voisins
de Monique De Gramont

critiqué par Libris québécis, le 30 mars 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Le Naïf Propriétaire
Le mauvais voisinage est un thème délaissé en littérature. Avec ce roman, Monique de Gramont aborde le sujet à travers un récit linéaire de la vie d’un jeune homme bien sous tous rapports.

Issu d’un milieu aisé et cultivé, le héros Cicius porte bien son doux prénom. Homme tolérant et amoureux des lettres, il enseigne la littérature à l’encontre de son père médecin avant d’acheter la librairie d’une vieille dame, dont il est l’ami et confident. Après la mort de sa mère, il subit la hargne de la nouvelle jeune femme de son paternel, attirée surtout par les portefeuilles bien garnis. Pour éviter les affrontements, il quitte le toit familial et s’achète une maison sise dans un quartier apparemment paisible.

Le pauvre homme ne change que de bourreau. Faut-il dire bourrelle au féminin ? Esmeralda, sa nouvelle voisine d’origine sud américaine, est mariée à un Italien relié au monde lucratif de la construction. Elle lui en fera voir de toutes les couleurs avec ses six filles, toutes aussi béotiennes et belliqueuses que leur génitrice. Même si la mère le traite de « couilles molles », Sidonie, une anthropologue qui œuvre au Mali, peut témoigner du contraire pour s’être glissée entre ses draps de satin grenat lors de ses brefs passages à Montréal.

Ce canevas a servi à décrire les malheurs d’un propriétaire raffiné habitant près de « méchants voisins ». Leurs mœurs tapageuses et querelleuses occupent le second volet du roman alors que le premier fait ressortir la personnalité rose du héros. Sa vitalité plutôt intellectuelle et branchée le disqualifiera aux yeux des lecteurs suffoquant dans leur testostérone. Si l’auteure avait approfondi davantage la dynamique du voisinage au lieu de se contenter de compiler les mésaventures à un rythme étourdissant, son roman serait un modèle du genre comme Le Naïf Locataire de Paul Guth. Heureusement, les courriels (E-mails) d’amour que s’échangent le héros et sa belle brisent la psalmodie lassante des doléances ! Bref, comme à son habitude, Monique de Gramont a concocté une œuvre d’une drôlerie irrésistible s’adressant à un vaste public.