Mémoires d'une jeune fille dérangée
de Bianca Lamblin

critiqué par Lucien, le 18 août 2003
( - 69 ans)


La note:  étoiles
Règlement de comptes à Saint-Germain-des-Prés
Bianca Lamblin, née Bienenfeld (une cousine de Georges Perec) règle ses comptes avec le couple le plus célèbre de la littérature française contemporaine : Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
À 17 ans, en 1938, elle s'éprend de son prof de philo, Simone de Beauvoir, qui vient d’être nommée au lycée Molière. S’ensuivra une amitié particulière passionnée, passionnelle, puis une décevante liaison avec Sartre. Dès 1939, c'est la rupture. Déboussolée, la jeune fille plutôt idéaliste déprime, s'interroge. La jeune Juive se sent larguée à un moment plutôt inconfortable…
Après la guerre, elle renouera avec le «Castor», dont elle restera «l'amie» jusqu'à la mort de cette dernière, en 1986. Mais en 1990, la publication des «Lettres à Sartre» et du «Journal de guerre» lui révèle la duplicité, le cynisme voire la muflerie dont elle a été l'objet. Elle décide alors de rédiger ce livre pour dire «sa» vérité.
«Mémoires d’une jeune fille dérangée» décrit d'abord le «trio» formé par le Castor, Sartre et Bianca, un trio comparable à celui que les habitués du «Flore» constituèrent avec Olga Kosakievicz, l’élève de Sartre, l'Ivic de «L’âge de raison». L’hypothèse de Bianca Lamblin est que Beauvoir servait de «rabatteuse» pour amener de la «chair fraîche» dans le lit du grand homme. Suit la description de la guerre où la jeune Juive, expulsée de ce qu'elle prenait pour un «trio», cherche à sauver sa peau dans une France collaboratrice. Vient enfin la narration des années d'après-guerre, de l’amitié retrouvée du Castor à ce qu'elle considère comme la découverte d’une trahison.
Une pièce intéressante à verser au dossier de Jean-Sol Partre et de la duchesse de Bôvouard (comme aurait dit Boris Vian) ou, plus généralement, à celui des armoires à linge sale de la littérature à la rubrique : «petitesses des grands hommes».
Idoles détrônées 6 étoiles

J’ai longtemps repoussé la lecture de MEMOIRES D’UNE JEUNE FILLE DERANGEE, pensant y découvrir un pastiche ou un médiocre remake des mémoires de Simone de Beauvoir.

A l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de cette auteure, j’ai enfin lu, avec intérêt, ces amères confessions où Bianca Lamblin démythifie le couple Sartre / de Beauvoir .

Même si la victime se défend d’intentions vengeresses envers ses deux manipulateurs, on sent le règlement de compte, elle termine d’ailleurs le livre par la phrase « Sartre et Simone de Beauvoir ne m’ont fait, finalement, que du mal » . La messe est dite….

Elle réserve ses flèches les plus acérées pour Sartre, présenté non seulement comme un mufle et un goujat, comme un comédien qui en rajoute face à ses admirateurs, mais aussi comme un philosophe à l’argumentation légère et peu crédible dans REFLEXIONS SUR LA QUESTION JUIVE et un membre du piètre groupe de résistants « Socialisme et liberté », présenté comme une bande où ne règnent que : "prétention, irresponsabilité, inefficacité, amateurisme, imprudence, légéreté"
Le survivants du groupe ont dû apprécier …..

De Simone de Beauvoir, sur la 4e de couverture, elle écrit, laissant au lecteur le soin de la condamner lui-même « Que dire d’un écrivain engagé comme elle dans la lutte pour la dignité de la femme et qui manipule et trompe toute sa vie durant, une autre femme ?»

Bianca Lamblin ne se contente pas de détrôner les deux idoles , elle a aussi le mérite d’analyser les rapports humains tissés à l’intérieur du triangle familial formé par les trois protagonistes et d’expliquer les raisons de l’ effondrement et du déséquilibre total causé par la rupture avec Sartre .Elle fait aussi longuement partager ses souvenirs de résistance, en des chapitres qui peuvent paraitre un peu extérieurs au propos initial .

Un ouvrage qu’on sent écrit sous la poussée de la nécessité de se justifier et de rétablir une vérité

Alma - - - ans - 28 septembre 2008