Nocturne indien
de Antonio Tabucchi

critiqué par Tophiv, le 18 août 2003
(Reignier (Fr) - 48 ans)


La note:  étoiles
Avant le film
A la faveur d'un voyage d'étude en Inde, le narrateur part sur les traces d'un ami disparu. De Bombay à Goa via Madras, le souvenir de son ami se confond peu à peu avec sa propre personnalité. Sa quête se trouble, à la recherche d’un fantôme ou peut être simplement de lui-même. Au hasard des rencontres spirituelles et mystérieuses, il approche l'Inde et sa culture où l'humilité remplace l'orgueil occidental, où les croyances sont les vraies richesses, où l’âme est plus importante que l’enveloppe charnelle, le corps tel une valise pour faire voyager l’âme.
J’avais trouvé formidable le film d’Alain Corneau et son ambiance si réussie. C’est en partant de cette expérience que j'ai eu envie de découvrir le texte original qui l’avait inspiré. J'ai donc évidemment parcouru ce livre avec l'image de Jean Hugues Anglade dans le rôle du narrateur mais cela ne m'a pas semblé anormal ou gênant. Alain Corneau a fait le bon choix, rendu évident par la prestation de l'acteur, rendant parfaitement, le caractère du narrateur tel que Tabbuchi l’avait imaginé. Corneau a véritablement été fidèle au roman puisque, si mes souvenirs sont bons, il a repris les chapitres en quasi totalité, sans ajouts (ou très peu ?!) et dans l’ordre chronologique. C'est certainement pour cela que l’on ressent la même ambiance d’errance et d'inconnu à la lecture de Tabbuchi qu'à la vision du film.
Voyage en Inde 9 étoiles

Le narrateur part en Inde pour retrouver Xavier (son ami, frère?).
L'auteur nous fait visiter le pays, ses descriptions sont tellement précises que l'on a l'impression d'être un observateur invité aussi à ce voyage.
La fin est très mystérieuse et nous laisse dans nos réflexions.
Un livre à déguster.

Koudoux - SART - 59 ans - 21 juillet 2012


A lire et relire 9 étoiles

Lu il y a quelques années, Nocturne indien ne m'a pas déçue a la relecture..
Tabucchi sait y faire pour nous entrainer à la suite de son double dans une étrange quête. La fin est magnifique, en point d'interrogation, retour logique vers soi-même.
A relire, et plusieurs fois!

Catva - - 53 ans - 14 août 2006


Errer en Inde 5 étoiles

A la manière de Vincent Engel dans son "Raphael et Laetitia", on pourrait "reprocher" à Tabucchi d'avoir laissé son lecteur sur le carreau à la fin du récit en adoptant l'ultime pirouette qui clôture un texte sans vraiment le faire. Mais Tabucchi est subtil et il ne se contente pas de se débiner, il intègre l'histoire dans l'histoire en prévenant qu'il y aura frustration d'une manière ou d'une autre.
Et à dire vrai, on le sent un peu venir tant au fil des pages, le narrateur parti à la recherche de son frère/ami Xavier finit par se confondre complètement avec l'objet de sa quête.
L'histoire est belle et bien écrite, Tabucchi plante les décors et pose les ambiances de manière telle qu'on l'on s'y croit sans faire d'efforts. Tout est réuni pour nous entraîner avec lui dans sa course après un fantôme. L'Inde est palpable et la perspective employée, celle d'un quasi touriste venu faire des recherches dans le pays, est bien restituée.
Juste cette fin qui me laisse un peu amère. Pas parce que ça s'arrête comme ça, sans rebondissement, mais parce que j'aurais aimé plus d'épaisseur, un ultime affrontement, un événement plus profond qui lui aurait permis de se trouver autrement. Cela n'enlève cependant pas grand chose au plaisir de cette lecture, ça l'empêche simplement d'être excellente.

Sahkti - Genève - 50 ans - 26 juin 2005


la quête 8 étoiles

A la fin du film, le narrateur voit que son ami n'a pas cherché à le recontacter au restaurant, tout en lui signalant sa présence, et en le remerciant par un geste de courtoisie : payer sa note. Aurait-il enfin trouvé une identité satisfaisante, et il n'aurait plus besoin de son ami ? Il me semble qu'à plusieurs reprises le narrateur parle de Fernando Pessoa. Le patronyme signifie "personne" en portugais. Or cet écrivain a passé son temps à multiplier ses identités, notamment par des pseudonymes, des vies inventées et rêvées. Tabucchi a été fasciné par Pessoa, et les textes en épigraphes - une citation de Maurice Blanchot, et une note liminaire de Tabucchi se présentant comme "un voyageur immobile", reflètent bien cette parenté intellectuelle.

Rotko - Avrillé - 50 ans - 19 août 2003