Lea affranchis
de Geneviève Chincholle-Querat

critiqué par Cyclo, le 24 mars 2014
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
Lecture de l'Odyssée
"Je viens vous parler aujourd'hui d'un ici qui ne soit pas un enfermement, mais une présence à soi, un enracinement, et d'un ailleurs qui n'est pas fuite mais ouverture à l'inconnu et à l'altérité", nous dit Geneviève Chincholle-Quérat, analyste jungienne, dans ce vibrant essai consacré à la construction de soi, vu à travers les aventures d'Ulysse dans "L'Odyssée" d'Homère. L'auteur nous fait revivre les principaux épisodes (le cyclope, Circé, Nausicaa, les sirènes, Charybde et Scylla, le retour à Ithaque), en nous montrant à quel point tout cela nous parle encore et peut même nous permettre de nous remettre en flot quand nous allons mal, combien, avec le personnage d'Ulyse, on peut comprendre comment accéder à notre double nature, masculine et féminine, à accepter les épreuves, l'éloignement, les souffrances ("La souffrance profonde fait se tenir loin de soi, pour pouvoir vivre, tout simplement"), à affronter la mort et non pas à l'oublier. En thérapeute, elle parle aussi bien de nous que d'Ulysse, et nous convie à réconcilier le corps (trop souvent écarté comme "bas" dans nos traditions judéo-chrétiennes) et l'esprit pour une meilleure acceptation de soi-même : "Nous contrôlons pour ne pas sentir ce mouvement du naître et mourir. Pouvoir accepter, danser, apparaître et disparaître demande une certaine sagesse, un détachement. Non pas un détachement intellectuel qui consisterait à ne pas vivre pour ne pas souffrir, mais un amour tel de la vie, un amour incarné et impliqué qui nous permet, en temps et heure, d'accepter de nous en aller".
Chemin faisant, en grande lectrice, elle fait allusion aussi à d'autres histoires et contes plus contemporains, tel "Le seigneur des anneaux". On a là un riche terreau pour arriver à se mieux comprendre, voire à s'accepter, et le livre nous fait comprendre la richesse de la littérature dans la construction de soi.