Militants contre la guerre 1914-1918
de Julien Chuzeville

critiqué par JulesRomans, le 24 mars 2014
(Nantes - 66 ans)


La note:  étoiles
Militants pacifistes entre 1914 et 1918
Cet ouvrage est un véritable travail de recherches par un auteur à qui on devait déjà un biographie sur un des personnages qu’il évoque, puisqu’en 2012 il avait produit chez L’Harmattan un livre sur Fernand Loriot. Ce dernier est en 1915 trésorier de la Fédération des syndicats d’instituteurs en 1915, il est délégué avec l’institutrice pantinoise Hélène Brion, secrétaire, au Comité confédéral de la CGT.

Le nombre de militants pacifistes en lien avec l’enseignement primaire est d’ailleurs impressionnant, notons que si l’auteur a lu l’ouvrage de Pierre Roy sur Pierre Brizon (que nous avons présenté sur Critiques libres), il oublie de dire que ce dernier fut professeur d’École normale pendant l’essentiel de sa carrière d’enseignant (et en particulier dans l’Orne, dont était originaire Fernand Loriot). Rappelons à ce propos que les deux députés socialistes à se rendre avec le Bourbonnais Pierre Brizon à Kienthal en Suisse du 24 au 30 avril 1916 sont des instituteurs (Alexandre Blanc du Vaucluse et Jean-Pierre Raffin-Dugens de l’Isère).

"Militants contre la guerre 1914-1918" est un ouvrage fort intéressant car il retrace l’histoire du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) qui succède au Comité d’action internationale (CAI). Se côtoient là féministes, socialistes et libertaires décidés à agir pour mettre fin à la guerre. D’autres personnalités des milieux radicaux ou républicains-socialistes agirent contre la guerre, mais comme Caillaux ou Paul Meunier ils le firent dans le cadre d’une démarche individuelle. Si Julien Chuzeville a pris la peine de lire ce qui leur a été consacré (ils citent en bibliographie certains titres sui le prouvent) les actions de ces personnages ne sont pas son objet d’étude.

Par contre on aurait aimé en savoir plus sur les dirigeants de la section de la Haute-Vienne de la SFIO qui sont le fer de lance de l’opposition au sein de leur parti. Pas un mot n’est dit de Paul Faure, fondateur du "Populaire" le 1er mai 1916 ; ce titre est un périodique national, porté financièrement à ses débuts par la fédération socialiste de la Haute-Vienne, qui diffuse les idées pacifistes développées par le quotidien Le Populaire du Centre, journal fondé en 1905 à Limoges. Même si les thèses développées proviennent là des milieux proche de Jean Longuet, petit-fils de Karl Marx, et ne recoupent que très partiellement les thèses majoritaires au sein du CRRI, on aurait gagner à faire mieux connaître ce secteur de militants. Ceci d’autant plus que ces milieux pacifistes, observant une certaine logique, se rallieront au régime de Vichy (Paul Faure est dans ce cas).