Le silence de Saturne
de Isabelle Mimouni

critiqué par Nathafi, le 16 mars 2014
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Angoissant...

Connaissez-vous le tableau "Saturne dévorant un de ses fils", une des peintures noires de Francisco de Goya ? On en découvre une partie sur la couverture de ce livre, et tout de suite le décor est planté, un mouvement de recul fait même hésiter à découvrir les premières pages...

Zacharie est le grand patron d'un laboratoire pharmaceutique, il ne doit sa fortune qu'à lui-même et à ses efforts constants pour ce travail qui a comblé sa vie.

Devenant âgé, il décide un jour de convoquer chez lui ses quatre enfants, après des années de silence, ceux-ci reprochant à leur père de ne pas les aider financièrement. Le père estimait qu'après leur avoir offert des études et les moyens de se faire une situation, il se réservait le droit de disposer de ses biens comme il l'entendait.

Ainsi donc arrivent Bettina, Frédéric, Jérôme et Thomas. Singulièrement, aucun d'entre eux n'est privilégié par ce père, et tous lui en portent rancune. Zacharie fait part de ses craintes pour l'avenir de sa société, tout autant que pour la galerie de tableaux qu'il possède chez lui, dont le tableau de Saturne.

Les conversations sont animées, les rancoeurs se révèlent et les enfants sont invités à réfléchir au devenir des biens de leur père, et à aviser leur père par courrier de leur décision. Bien sûr, les trois frères et la soeur ne s'entendent pas, ont des parcours très différents et ne se côtoient pas au quotidien, donc aucune coalition n'est envisageable.

C'est un livre qui monte en puissance. J'ai trouvé les premières pages assez déroutantes, Bettina rencontrant son frère Frédéric, une conversation assez mouvementée s'ensuit, dans un phrasé particulier. Mais dès que le patriarche fait entrer ses enfants dans son domaine, là tout change. L'atmosphère pesante, les murs alourdis, les oeuvres d'art omniprésentes, et le discours de Zacharie imposent le respect. On suit aisément le cheminement de la pensée de cet homme, on ressent sa froideur, son analyse acide et ses griefs vis à vis de sa progéniture si peu reconnaissante à ses yeux.

Un thriller sur fond de peinture noire, assurément.