Le jardin armé et autres histoires
de David B.

critiqué par Bluewitch, le 28 février 2014
(Charleroi - 44 ans)


La note:  étoiles
Entre conte et fantastique
Le graphisme de David B. est sans conteste d’une richesse visuelle fouillée, dynamique, dans sa souplesse du trait noir associé à cette déclinaison terre de sienne, terreuse, rappelant à elle seule l’aspect ancestral des contes aux accents orientaux choisis ici.

Trois histoires, les deux dernières étant davantage liées entre elles: "Le prophète voilé" raconte la vie d’un simple teinturier happé un jour par un immense voile blanc, lui recouvrant le visage pour toujours. Même si certains voient en lui Noé, Moïse, Jésus ou Mahomet, quiconque tentera de regarder sous le tissu trouvera la mort instantanément. De simple teinturier, l’homme voilé devient cruel dictateur… "Le jardin armé", donnant son titre à l’ouvrage, raconte le périple d’un forgeron devenu disciple d’Adam, en quête du chemin du Paradis. S’entourant de fidèles mais ne se créant pas que des amis, il sera poursuivi par Jan Ziska, chef des "taboristes", jusqu’aux portes même de son nouvel Eden. Quant au "Tambour amoureux", il garde comme personnage Jan Ziska, transformé en peau de tambour après sa mort, mais toujours capable de mener des troupes à la guerre lorsque les coups le font résonner. Attente du retour du Christ et recherche du Paradis sont toujours les thèmes, mêlant cette fois l’amour terrestre à cette quête spirituelle.

Malheureusement, les trois contes cités ci-dessus peuvent décevoir un peu scénaristiquement, chaque chute laissant un peu perplexe dans sa façon d’être amenée. Mais voilà qui est largement compensé grâce à l’univers créé par David B. Univers qui évoque le mystère, la beauté, la sensualité, la folie, la mort, les illusions, la vulgarité et la délicatesse mélangées.

Un travail d’une extrême précision, une mise en page irréprochable, alimentés par une imagerie à la fois très descriptive et en même temps très suggérée, voire symbolique.

Un monde en soi.