Les héritiers de la mine
de Jocelyne Saucier

critiqué par LesieG, le 24 février 2014
(CANTARON - 57 ans)


La note:  étoiles
Superbe
J'ai lu ce livre pour deux raisons : j'ai beaucoup apprécié le premier roman que j'ai lu de cet auteur "il pleuvait des oiseaux" et la quatrième de couverture m'a largement interpellée :
"...Ce roman raconte de façon magistrale l'histoire de la famille d'un prospecteur abitibien. Nous étions les King à Norco dit le plus jeune des 21 enfants. Fier de sa famille, il ignore que ces rois vivent avec un terrible secret."

Je n'ai absolument pas été déçue par ce roman, que d'intensité dans si peu de pages au final. Ce secret, si lourd à porter qui a complètement déstabilisé une famille, raconté par 6 enfants de cette famille, chacun à sa façon avec les séquelles que ça lui a laissées mais à chaque fois avec beaucoup de pudeur.

J'aime beaucoup l'écriture fluide de cet auteur qui arrive en très peu de mots à nous faire ressentir une ambiance, nous faire découvrir des personnages pourtant si nombreux.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont chaque nouveau protagoniste débutait son récit. On ne savait pas toujours qui commençait son histoire et on le découvrait au fur et à mesure. Une façon très intéressante de changer de partie.

Enfin en résumé, j'ai eu énormément de mal à lâcher ce roman avant la fin malgré cette ambiance très étouffante qui fait partie intégrante de l'histoire.

Je recommande vivement ce livre à tout amateur de belles histoires hors du commun.
Se taire, c'est souffrir seul 9 étoiles

La famille Cardinal comptait 21 enfants et habitait Norco, une ville née suite à la découverte du filon de zinc par le père Cardinal, prospecteur minier et héros inaccessible de toute sa tribu. Pendant qu'il était à la cave entouré de ses pierres, la mère était à la cuisine toute la journée et veillait sur sa progéniture la nuit. Chaque enfant portait un surnom et jouait son rôle selon son rang dans la fratrie. Mais cette famille cache un lourd secret dont personne ne parle, pour s'épargner les uns les autres, et chacun en possède une part d'explication. L'histoire est contée tour à tour par l'un ou l'autre des acteurs principaux, alors que toute la famille se trouve réunie après des décennies d'errance, à l'occasion d'une remise de prix au père.
L'auteure, Canadienne, décrit avec minutie les rapports que chacun entretient avec les autres au sein de cette famille complexe, ce clan nombreux, contre tous les autres. Elle dépeint le vacarme et l'agitation - voire la violence - qui règne dans cet univers où la place manque même pour respirer.

Pascale Ew. - - 56 ans - 23 août 2016


"Vingt et un... et tous vivants !" 10 étoiles

Les Cardinal sont plus qu'une famille; ils sont une tribu. Une tribu de 21 enfants vaguement encadrée par leurs parents. LePère, prospecteur, "à côté de la chance", homme taciturne mais vigilant qui offre à chaque anniversaire, un dynamitage à l'enfant dont c'est le grand jour. LaMère, invisible dans la journée, trop occupée à cuisiner, mais qui, la nuit venue, passera quelques minutes au dessus de chacun de ses enfants, où qu'ils soient couchés, leur accordant ainsi quelques minutes d'intimité qu'ils attendent avec amour.

Et puis les enfants: les grands, les forts, les quelques filles, les jumelles, se querellant pour une place sur le divan qui n'en compte que trois, enfilant des vêtements au hasard mais tous unis pour semer la terreur dans le village sur le déclin.
"La pauvreté, tu sais, est une grande liberté. Quand on n'a pas à se battre pour la richesse et le pouvoir, il nous reste l'essentiel et c'est bien assez pour occuper une vie."

Pourquoi cette famille s'est-elle disloquée aux quatre coins du monde sans même entretenir de relations régulières?
C'est vers la découverte de ce qui a déclenché ce séisme que nous emmène avec beaucoup de talent Jocelyne Saucier. Les enfants relatant chacun leur tour, leurs souvenirs, dévoilant ce qu'ils savent, ce qu'ils présument, portant tous dans leur cœur un sentiment de culpabilité.
Et il faudra, une trentaine d'années plus tard, la remise d'une médaille au Père pour que tous se trouvent réunis, et que finalement la vérité soit dite et admise.

Un roman encore une fois original, touchant et bouleversant.
Un début peut-être un peu moins dynamique que "Il pleuvait des oiseaux" (écrit après) mais une fin superbe et très émouvante.

Marvic - Normandie - 65 ans - 18 mars 2014