Vingt fragments d'une jeunesse vorace
de Guo Xiaolu

critiqué par Bertrand-môgendre, le 20 février 2014
(ici et là - 69 ans)


La note:  étoiles
une fourmi rouge sous un réverbère
Extrait proposé par l’éditeur :

J'adorais photographier Pékin. Les grilles de fer de part et d'autre des portes de la Cité interdite une après-midi d'été. Un soldat de l'Armée de libération du peuple penché pour déneiger à la pelle en hiver. Le canal de Pékin pollué par les ordures - un vrai crève-cœur. Le portrait de Mao sur la place Tien'anmen, entouré d'un océan de drapeaux rouges. Des anciens qui disputaient une partie de ping-pong [...]. Xiaolin a tout déchiré en mille morceaux. J’étais redevenue une paysanne sans passé, exilée à la ville.


Quatrième de couverture :

Elle s’appelle Fenfang, c’est une jeune fille vorace de vingt ans qui adore le cinéma et les nouilles OVNI, qui change sans une larme de job comme de garçon, qui se fait virer de chez elle pour amoralité, qui cherche le grand amour et la beauté, mais pour qui rien n’est simple à Pékin...
Pourtant, quand, à dix-sept ans, Fenfang fuit le sud de la Chine et son village claustrophobe entouré de champs de patates douces à perte de vue pour venir trouver à Pékin un destin de star du grand écran, elle ne sait pas encore que c’est la ville la moins romantique du monde. Ni qu’elle ira grossir les rangs des six mille sept cent quatre-vingt-six jeunes figurantes d’un film. Ni que tout cela ne se terminera pas en un conte de fées. Mais Fenfang est une idéaliste...

Mon commentaire :

Numéro 6787. Tel est le numéro de dossier déposé par la jeune Fenfang Wang postulant à un rôle de figurante dans un film.
Cette jeune paysanne fraîchement débarquée à Beijing place tous ses espoirs dans ce numéro. Il correspond au nombre approximatif d’habitants de son village d’origine, ce qui en soi n’est pas démotivant.
De la motivation elle en a. Opportuniste, chanceuse, bondissante, elle croque la vie, tourne les pages de ses épisodes amoureux assez rapidement, pour aboutir à ses fins.

Qu'il est agréable de se plonger dans la peau d'un personnage féminin jeune vivant en Chine moderne. Fenfang ressemble à s'y méprendre à n'importe quelle jeune fille vivant dans n'importe quelle ville civilisée de notre planète. Elle rencontre des problème de travail, d'intégration, de logement, la routine quoi. On se croirait dans une situation normale jusqu’au moment où la police intervient et exerce son rôle de contrôle répression envers elle qui, d’après les voisins, fricote un peu trop les jeunes gens, surtout qu’elle n’est pas mariée ! Scandale.
Question démocratie et liberté, il y a encore du chemin à parcourir.


Écriture pleine d’énergie.
Avec une écriture simple sans fioriture, Xiaolu Guo m'accueille à ses côtés et me promène dans sa nouvelle vie. L'invite est plaisante.
Cette fourmi rouge sous un réverbère, bouge et se prend à gober cette part de liberté que les générations précédentes ont tant désirée.