L'Etat de l'Angleterre, précédé de "Nouvelle carrière"
de Martin Amis

critiqué par Kinbote, le 31 juillet 2003
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Une histoire singulière dans un cadre sociologique
Dans "Nouvelle carrière", Martin Amis fait la satire des milieux de l'édition. Où on apprend que des poèmes se lancent à Hollywood comme des films grand public, des produits de grande consommation, et pour lesquels donc, l’erreur n'étant pas admise, le formatage est obligé. Mais dans cette nouvelle outrancière, où le trait est judicieusement forcé, l’effet de réel ne joue pas; et on la lit davantage comme un brillant exercice de style.
Dans "L’état de l’Angleterre", les mêmes qualités littéraires sont présentes mais,ici, au service d’une histoire attachante. Celle d'un type un peu paumé, divorcé, qui, la veille, a été tabassé dans des circonstances burlesques par une bande de fêtards huppés des deux sexes et qui doit quand même, pour garder l'estime de son fils, courir la course des pères de l'école du fiston.
Une nouvelle enlevée avec brio qui réussit le tour de force d'inscrire une histoire singulière dans un cadre fixé reflétant l’état d'une nation. Les titres des divers chapitres, Téléphone portables, Chaudes filles d’Orient, Mortal Kombat ou Burger King, pourraient d'ailleurs très bien constituer les sous-titres d'un article de sociologie. A chaque phrase, l’auteur fait montre d'invention. Ce qui ne l’empêche pas de ponctuer son texte de remarques et de piques à l’égard de la société de son pays à une époque déterminée (toute fin d'un XX ème siècle agonisant). Et on ne peut s’empêcher de tenter la comparaison entre Amis et Houellebecq (on a parfois dit que ce dernier était l'Amis français!) au détriment de Houellebecq qui, lorsqu'il fait de la sociologie et de l’écriture (dans certains textes - Lanzarote par exemple - plus que dans d'autres bien sûr), chausse des gros sabots (sacré Michel !).
Ces deux textes sont extraits de « Eau lourde et autres nouvelles », édité chez Gallimard en 2000.