On aurait dit juillet
de Josée Bilodeau

critiqué par Libris québécis, le 17 février 2014
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Au coeur de la cité
Ce roman illustre le discours de Platon en indiquant les relations que l’homme entretient au cœur de la cité. Josée Bilodeau s’est attachée à des personnages sans amont et sans aval, et qui vivent dans une bulle qu’elle situe dans une unique rue. Ils ne sont pas non plus engagés dans un cheminement probant. Le temps suspend son vol pour que les loupes scrutent leurs activités quotidiennes.

Que font-ils ? Un garçon vend du chocolat, un chauffeur de taxi fait un infarctus, d’autres vont au théâtre… Bref, tous font une brève apparition sur la scène urbaine, puis disparaissent non sans marquer ceux qu’ils ont croisés. Le cuisinier, qui a concocté un saumon avarié, provoquera les malaises de sa cliente. Chacun appartient à un réseau qui ne fonctionne qu’en interrelations. De fil en aiguille, nous passons d’un personnage isolé à l’autre, mais l’auteure indique les ponts astucieux qui les relient. Elle décortique en fait l’organisme urbain sans tenir compte de la marginalité ou presque. Le projecteur vise plutôt les éléments rassembleurs comme le restaurant, le bar et le théâtre, où chacun traîne son boulet. La proximité crée des liens obligatoires, mais la ville en question rappelle plutôt le domaine d’un ermitage.

La structure fort originale de ce roman est très labyrinthique même si tous habitent la même rue et vivent le même instant. Ça ressemble à une variation sur un même thème ou un patchwork conçu pour être vu de loin. Par conséquence, il ne faut pas s’attacher aux bouts de tissus qui le composent. C’est le groupe qui supporte l’œuvre, écrite avec une maîtrise indéniable de l’art d’écrire.